[RP] Sur les routes des terres acides

Beaucoup de monde tournait autour des deux drows qui étaient apparus, mais ils n'étaient pas les seules personnes que je ne connaissais pas.
Il y avait eu un cambion qui avait été tué par Lirae, sans même crier gare, et là un barde qui avait lui aussi goûté aux sorts de Lirae, mais qui ne semblait pas avoir était touché.
Vu que je n'étais d'aucune utilité en ce moment, je repris la direction du camp, en attendant que l'on parte de ce lieu, car les êtres qui semblaient poursuivre Lirae s'approchaient lentement.
Un effort sur les accords de verbe et les temps, et ça sera parfait.

[hrp]Beaucoup de choses, énormément de retard et je débarque comme une fleur ^^[/hrp]

Comme si les tuiles ne devaient jamais arriver seules, après s’être encombré d’un ménestrel aveugle et de deux elfes noirs dont la destinée incertaine et les motivations inconnues, Liriae n’était pas sortie d’affaire. Le ménestrel se reposait enfin de ses émotions, malgré les douleurs qui le parcouraient encore et ne le quitteraient pas avant un moment. Shiroï ne quittait pas sa sœur, comme si elle était à la fois la protégée et la protectrice. Droup avait tourné les talons et s’était éloigné. L’apprenti et son elfine étaient tous deux à leur observation de la chouette blessée qui, malgré l’absence de dégâts au niveau des ailes, allait avoir du mal à voler, ses esprits étant toujours secoués et son équilibre incertain. Enfin, Liriae pouvait finalement se calmer, la gargouille fumant au loin. Seul le nain, à plusieurs centaines de mètres de là, ne semblait pas spécialement concerné, même si cela venait également du fait qu’il fut laissé en plan…

Liriae avait le dos tourné au cratère et avait, dans son champ de vision, le ménestrel assis contre un arbre et les deux jeunes elfes absorbés. Au dessus des cendres, à plusieurs mètres du sol, un anneau de lumière se dessina, identique à celui qu’avait utilisé l’Avarielle pour disparaître quelques heures plus tôt. Cet anneau devint un disque qui sembla s’éterniser, sans que rien n’en sorte.

Les premières personnes à le remarquer furent les elfes noirs. Voyant le disque à plusieurs mètres, il ne semblait pas représenter une réelle menace dans l’immédiat. Toutefois, instinctivement, Dhyna saisit une dague et Shiroï porta la main à ses épées. Prudence est mère de sûreté…

Sentant que quelque chose se passait dans son dos, Liriae jeta un œil aux elfes noirs puis à ce qu’ils regardaient. La situation semblait tendue, notamment à cause des deux elfes noirs qui découvraient un disque qu’ils n’avaient jusqu’alors jamais vu. Ce disque ne semblant pas bouger, comme s’il attendait qu’une personne lui tourne le dos, semblait geler la scène, laissant le monde dans l’expectative. Même le ménestrel qui ne voyait rien et ne savait pas encore se repérer en aveugle senti que la situation n’était pas normale. Soudain Liriae lança :

Ah tout de même, la voilà qui revient ! Mais que fait-elle à laisser la porte ouverte ?

De longues secondes s’écoulèrent…
Tout à coup, un corps, comme sans vie, s’effondra sur le sol calciné, chutant de toute la hauteur, soit plusieurs mètres, sans même essayer de bouger ou de se rétablir. Le corps de l’Avarielle venait de choir lamentablement, soulevant un nuage mélangé de cendres et de plumes sales. Aerdrië ne bougeait pas.

Regardant la scène, les spectateurs eurent un moment d’arrêt, figés par ce à quoi ils venaient d’assister. La porte planaire se refermait alors que Mahiro fit son entrée, descendant en piqué vers sa maîtresse gisant sur le sol.

Naaaaaaaaaaaaaan
Lève toi, allez, lève toi… Tu as dit que ça irait...

Aucune réponse. Le corps de l’Avarielle était étendu à même le sol.
Les elfes noirs étaient plus déconcertés qu’autre chose. Qu’est-ce donc que cet être, sans doute Extérieur, qui venait de s’effondrer devant eux ? Ils étaient à peine remis de l’épreuve qu’ils venaient de subir et ils assistaient à une scène tout à fait similaire, même si l’état de la personne ne semblait en rien comparable aux leurs.
Astril, que la douleur ne quittait pas, préféra attendre et se concentra pour écouter tout ce qui se disait, afin de comprendre le pourquoi de cette agitation. Après tout, rien ne pressait et il avait besoin de repos. Ecouter lui permettrait d’en savoir plus.
Idri hulula et battit des ailes comme si une personne connue était revenue. Ce mouvement soudain de la chouette tira les deux elfes de leurs observations et ils scrutèrent les alentours afin de voir ce qui mettait Idri dans cet état. Ils n’eurent aucun mal à voir un corps gésir sur le sol, des plumes noires éparpillées un peu partout.

Liriae quant à elle, à la vue de son amie, sentit la fureur remonter en elle sans que rien ne puisse l’en empêcher. Ses yeux virèrent à nouveau, comme si elle devait tuer quelqu’un. Elle s’approcha de son amie étendue sur le sol en un coup d’aile.

Le corps de l’Avarielle n’était pas beau à voir. Aerdrië était partie simplement chercher une robe de soie pour remplacer celle déchirée mais c’est d’une robe de sang qu’elle était vêtue. Son corps était lacéré en de multiples entailles, comme si elle venait d’être torturée. Ces coupures assez profondes laissaient perler de nombreuses gouttes de sang qui, en s’écoulant, recouvrait le corps nu d’Aerdrië d’un manteau cramoisi. Ses deux ailes semblaient intactes malgré de nombreuses plumes brisées, ce qui la priverait de vol pour les prochains jours, voire les prochaines semaines.
Au flanc, une entaille bien plus nette et profonde laissait s’écouler un flot de sang non négligeable et panser cette blessure était une priorité. En effet, malgré les blessures diverses qui recouvraient l’ensemble du corps, de bas en haut sans distinction, Liriae nota que la poitrine d’Aerdrië se soulevait, certes irrégulièrement, mais se soulevait. Elle était en piteux état mais en vie.
Le plus déroutant était le visage de l’Avarielle, déformé par la douleur et les yeux qui, malgré une couleur rouge écarlate, n’exprimaient que terreur et horreur. Aerdrië avait souffert et devait souffrir encore, ses bourreaux ayant veillé à ce que cela dure longtemps, très longtemps.

Liriae se souvint alors du jour où elle et Aerdrië étaient allées voir la Vieille. Ce jour là, Aerdrië avait du mal à marcher et ne volait pas. Derrière sa jambe, le sang dégoulinait. Une blessure à l’aine en était la cause. Son père l’avait blessée, sans doute dans un de leurs ébats un peu trop violents pour sa fille adoptive. [hrp]Pour ceux qui n’ont pas tout suivi, chez les archidiables, être à la fois la fille et la maîtresse du maître est chose courante[/hrp] Et aujourd’hui, à nouveau la même horreur, pire encore. Avait-elle dû payer quelque chose ? Aerdrië allait peut-être bien mourir. La fureur de Liriae dépassait son propre contrôle et sa propre volonté. Qu’est-ce que son amie avait encore dû payer ? Qu’est-ce donc que ce châtiment encore pire que la mort que les elfes noirs eux même n’infligeaient pas ? Torturer oui mais là, Aerdrië était en lambeau pour une raison sans doute futile, tout ça à cause d’un père… Seul un diable pouvait prendre plaisir à détruire ainsi une personne…

Les pièces du puzzle se rattachèrent soudain. Fierna ! Et si Fierna était là-haut ? Elle pouvait très bien être responsable de ce massacre, laissant tout juste à Aerdrië assez de forces pour se remettre et recommencer encore et encore sa douce vengeance visant à faire payer dans le sang la mort des chérubins… Mais si c’était elle, pourquoi Aerdrië s’est-elle laissée approcher ? Et pourquoi Mahiro serait encore en vie ? Tout était confus… Mais Mahiro était là et elle devait savoir et pouvoir expliquer ce qu’il s’était passé.

Aerdrië eu alors un spasme et cracha une belle gerbe de sang dans la cendre grise. Ce spectacle n’était pas sans rappeler l’état de certains orcs laissés à quelques kilomètres sur un champ de bataille dévasté. D’un autre, cette vision aurait pu amuser, voire intéresser Liriae, pour le spectacle, mais là, c’était son amie qui était en train de gésir, cette amie à la fois forte et fragile, qui la comprenait et auprès de qui elle pouvait se confier. Les deux êtres étaient toutes deux maléfiques mais elles n’en restaient pas moins très proches.

Mahiro sanglotait, assise devant le corps de l’Avarielle qui se tordait à présent de douleur. La petite fée était désemparée car elle ne pouvait absolument rien faire pour celle qui lui avait donné la vie. Elle marmonnait entre deux sanglots :

Tu as dit que c’était ton père… Pourquoi t’a-t-il fait ça ?

Aerdrië semblait onduler dans la cendre, la douleur se manifestant à chacun de ses mouvements. Il était urgent de la sortir du cratère car à force de remuer, ses plaies se remplissaient de cendres et se salissaient, ce qui allait les infecter. Liriae, qui tentait de maîtriser la rage qui hurlait en elle, comprit l’urgence de la situation. Toutefois, soulever seule le corps de son amie, c’était des plus risqué. Si ses os étaient fêlés, la déplacer sans précaution finirait par les briser. Entre la nuque et les articulations, elle avait besoin de plusieurs mains… Pour couronner le tout, le sang qui s’écoulait de partout rendait le corps nu de son amie assez difficile à manipuler. Mais Liriae devait sortir Aerdrië de cet endroit et lui apporter les premiers soins. Elle n’avait d’autre choix que de faire confiance à ces nouveaux venus qui regardaient la scène et devrait sans doute exploiter les connaissances en médecine des elfes de cette forêt. Si ça se trouvait, du barde également…

[hrp]Voilà un retour chaotique et douteux, j’espère que ça ira. Aerdrië est mal en point mais ne mourra probablement pas, sauf si vous l’achevez. A vous de voir. Si vous déplacez l’Avarielle, Mahiro suivra en sanglotant et ne fournira aucune explication viable. Par contre, le style est mauvais et décousu… Vous avez la trame, je reprendrai plus tard. Là, dodo ! [/hrp]

Dhyna observait la scène d'un oeil surpris, mais la vue des blessures ne semblait pas la déranger outre mesure, certainement par habitude. Voir son frère taillader des corps quotidiennement n'aidait pas à avoir pitié d'un blessé...
Malgré tout, voir Liriae dans cet état de fébrilité lui montrait combien cette nouvelle arrivante comptait pour l'elfe noire. Certainement l'avarielle dont elle parlait il y a quelques minutes pensa t'elle. La couleur des ailes avait attiré son regard. Noires. Elles étaient noires. Pourtant dans les anciens écrits qu'elle avait étudié plus jeune, les quelques - très rares- mentions d'avariels qu'elle avait réussi à trouver parlaient plutôt d'ailes blanchâtres, voire grises...celle-ci devait être unique en son genre.

Mais pas le temps de s'attarder sur les détails. L'avarielle semblait dans un état critique et l'absence de soins risquerait avec quasi-certitude de ne pas lui permettre de vivre bien longtemps.
Elle voyait Astril, maintenant aveugle, s'accroupir près de la blessée. Mais il déclara ne rien pouvoir faire.
Il lui vint alors une idée.

-Shiroï, il te reste de l'eau de vie??
-Mmh, poche de droite, dans mon sac. Il doit rester un quart de la bouteille. Mais la douleur risque de l'achever, elle ne supportera pas la brûlure de l'alcool dans son état. Et désinfecter les plaies ne suffira pas.
-Ca sera déjà un début. Sors la bouteille.
-Mais je t'ai dit que...
-T’occupe. Moi sa douleur je m’en occupe. Toi tu vas aider à nettoyer tout ça.

Puis elle se dirigea doucement vers l’avarielle et s’accroupit à côté d’elle. Elle s’adressa d’abord à Liriae :
-Je vais essayer d’atténuer sa souffrance. J’utilise souvent ce chant pour renforcer la vigueur de Shiroï et lui épargner la douleur de certains coups. Cela permettra de l’apaiser et vous pourrez nettoyer ses plaies sans qu’elle ne souffre.

Puis elle rajouta, à l’attention d’Astril : Dommage que certains n’aient pas l’air d’avoir le talent nécessaire pour jouer ce genre de musique…

Elle détacha doucement sa lyre de son sac et commença à jouer une complexe mélodie guerrière qui emplit bientôt l’air ambiant, commençant à produire ses effets sur les personnes environnantes. L’avarielle semblait se détendre un peu et son visage se décrispa lentement, au fur et à mesure que Dhyna jouait, toute sa concentration fixée sur l’énergie magique qu’elle devait dégager vers le corps en face d’elle.

Shiroï, de son côté, alla aider à soigner la blessée. Il tendit sa bouteille d’alcool à Liriae.
Vous devriez faire comme elle a dit avec ça.
Ne vous inquiétez pas, ma sœur sait ce qu’elle fait.

Turielo fut surpris et même choqué de voir Aerdrië en personne choir de cette façon, il détourna le regard de Fanriël pour lui éviter une telle vision et évita de faire voyager son regard sur le corps magnifique, certes, mais mutilé, par respect pour Liriae ou par pudeur, il n'aurait pas pu le jurer lui même.

Il eut dut mal à garder Idri dans ses bras sans la faire tomber mais il la calma avec des mots doux et sa présence réconfortante. Une idée lui traversa l'esprit, son regard s'obscurcit, cette idée risquerait de rompre une des deux promesses qu'il avait faites de sa vie, l'une de loyauté à Liriae l'autre à Fanriël.

Pendant que sa maîtresse soignait l'avarielle, il essayait de trouver un moyen de ne pas rompre l'une d'entre elle, car chaqune avait été prononcée avec la même sincérité. Il finit par choisir de tenter son idée auprès de Liriae, mais si il en mourait ? Qui s'occuperait de Fanriël et sa promesse ? Non ! Il ne mourrait pas.

"Fanriël peux-tu prendre Idri dans tes bras ?"

La jeune elfe hésita ne comprenant pas trop pourquoi il lui demandait ça tout d'un coup, quand elle tendit les bras la chouette voulu essayer de rester avec Turielo mais ce dernier lui souffla...

"Chuuttt, tout va bien je dois aller parler à Liriae, c'est très important, ne t'inquiète pas, Fanriël fait partie des chose auxquelles je tiens le plus tu seras bien avec elle, je reviendrai après m'occuper de toi."

La chouette se fit moins réticente et se laissa déposer dans les bras de la jeune elfe.

Turielo se retourna et s'approcha de Liriae, il put alors remarquer qu'elle s'était "enfermée dans ses ailes" dormait-elle ? Méditait-elle ? Il ne savait pas, il s'approcha à deux mètres de l'ange noir, et posa un genoux à terre

"Maîtresse si vous m'entendez j'ai une requête à vous faire"

Aucune réaction...

"Je vous ai vue utiliser l'énergie vitale d'une forme de vie pour soigner ou apaiser un mal, serait-il posible que vous effectuiez la même chose sur moi à votre amie, si elle parvenait ne serait-ce qu'à guérir plus vite elle vous sera plus utilie que moi contre la menace qui pèse sur nous depuis un moment déja. Jusqu'à maintenant, je ne vous ai pas servi à grand chose et j'aurait aimé vous être utile pour une fois, rien qu'une fois... Je dois vous avouer que ce n'est pas directement pour votre amie que j'aimerai prendre l'initiative, mais pour vous... "

Il venait de dire quelque chose qui était caché en lui et qui se déguisait en respect, il se sentit soudain honteux, et ridicule, lui un jeune elfe, qu'elle avait sauvé d'une bande de Gobelins... Comment pouvait-il penser une seule seconde à de telle choses...

Corrigé par La Puce

Turielo craignait que Liriae lui dise exactement ça et pourtant elle le fit, et son coeur se combla de frustration quand il sut qu'il ne pourrait faire ceci de sa propre initiative parce qu'il avait donné sa parole à un autre être.
Il avait un peu peur de mourir, mais c'était naturel.

"Je ne peux le dire moi même à cause d'une promesse"jetant un regard doux à Fanriël"Le sort de votre amie ne m'indiffère pas parce qu'elle est justement votre amie, si elle devait ne pas s'en sortir, je ne pourrais plus vous regarder en face en sachant que j'aurais pu faire quelque chose pour quelqu'un à qui vous tenez beaucoup. Si vous me le demandez je le ferais..."

Marquant une courte pause

"J'ai peur de mourir, mais avant de vous connaître ma vie n'avait aucun sens et j'errais sans but, en vous rejoignant je vous ai donné mon destin et ma vie, si pour une raison vous vouliez en disposer allez-y."

Connaissant Liriae après cette déclaration, il devrait mourir dans peu de temps, un être comme elle ne s'embarrassait pas d'effusions fastidieuses.

"J'ai fait une promesse à un petite fille récement, je lui ai promis de toujours la protéger, vous en conviendrez que mort, ça risquerait de se compliquer, si vous pouviez lui trouver une famille dans laquelle elle sera en sécurité et heureuse, je vous en serais reconnaissant"

Corrigé par La Puce

[hrp]J'ai mis en italique les souvenirs d'Aerdrië pour différencier avec la narration de Mahiro, même s'il y a du discours direct. J'espère que ce sera clair ^^[/hrp]

La douleur avait doucement quitté le corps de l’Avarielle. Elle se sentait bien mais, au fond d’elle-même, une question semblait flotter dans son esprit embrumé : Suis-je morte ?

Tout était confus et les ombres dansaient dans l’esprit d’Aerdrië qui n’arrivait plus à se souvenir distinctement de ce qui avait pu se passer. L’esprit semblant quitter son corps et se libérer vers les cieux éthérés, une petite peur s’immisçait dans tout son être. Et si jamais elle ne refaisait surface… Tout divergeait, ses sens divaguaient à mesure que la douleur disparaissait jusqu’à ce que, telles des flammes, les esprits captifs en elle viennent la chercher pour une valse aux frontières da la conscience.
Dans cette danse où elle tournait avec ses dizaines de partenaires, Aerdrië quittait de plus en plus la réalité. Toute la brume de son esprit semblait lui faire une sorte de linceul dans lequel elle dormirait bientôt pour l’éternité…
Rassemblant ses souvenirs, elle tenta de se rappeler les événements qui l’avaient conduite dans ce lieu étrange, dans cette danse endiablée, dans cette mort si douce, dans ce linceul si soyeux…

Mahiro était assise aux côtés de sa maîtresse assoupie et jouait avec une cordelette sur le pommeau de l’épée comme si le jeu pouvait lui faire oublier la situation. Malgré cette fuite des réalités, une grosse larme coula sur sa joue. Et si elle ne se réveillait jamais, pensa-t-elle… Aerdrië n’était pas gentille mais elle lui avait offert une vie, un but, une confiance quasi absolue sur un bien des plus précieux au monde pour l’Avarielle. Elle qui n’était rien, était devenue plus que l’amie d’Aerdrië. En cette soirée, elle était assise proche du cadavre de celle qu’elle aimait comme une amie, une sœur, une mère… La larme la fit frissonner et de lourds sanglots la terrassèrent. Le visage dans ses mains, elle pleurait sur l’épaule d’Aerdrië, comme pour exorciser cette peine si lourde qui lui faisait si mal…

Elle se souvint alors des paroles d’Aerdrië. Elle devait être forte et digne, même devant la mort. Mais comment leur pourrait-elle ? C’était quasiment sa mère qui rendait ses derniers soupirs devant elle et la petite fée n’était pas si forte que ce que l’Avarielle lui laissait penser. Elle se releva, prit une profonde inspiration, renifla comme une enfant et tenta de sourire, en vain, mais parvint à arrêter ses larmes. Elle regarda enfin autour d’elle ce qu’il se passait comme si jusque là, le monde ne l’avait plus du tout intéressée. Autour d’elle, elle reconnut Turielo, le gentil petit elfe et près de lui, Liriae, l’amie de l’Avarielle. Derrière elle, deux elfes noirs semblaient se demander qui était Aerdrië. Ces elfes, plutôt sveltes semblaient être des voleurs ou des danseurs. Elle ne le savait pas et s’en fichait avec force et conviction. Plus loin, l’elfine qui accompagnait l’apprenti s’occupait d’Idri. A part, un cadavre assis semblait souffrir et marmonner mais comme elle ne le connaissait pas et n’avait pas envie de parler à un étranger dans un état si déplorable, elle se reporta sur Liriae.

Afin de ne pas porter son fardeau seule et de chercher à venger Aerdrië, Mahiro pensa que raconter tout à Liriae lui permettrait, tout d’abord d’aller mieux et ensuite de trouver une alliée pour aller mettre l’Archidiable dans le même état qu’Aerdrië. Si idiote que soit cette considération, elle poussa tout de même Mahiro à aller tout raconter à l’amie de sa mère. Elle se releva, une expression de fierté sur le visage malgré une énième larme qui lui échappa. Décidée à ne pas se laisser abattre, elle s’envola et alla se poser devant Liriae, limite repoussant Turielo dont la requête qu’il venait de présenter était, pour Mahiro, passée totalement inaperçue.

Madame Liriae, je vais tout vous dire si vous me promettez de la venger !

Liriae n’était pas stupide et avait entendu la fée sangloter. Aller se venger de l’Archidiable, quelle idée folle ! Mais qu’importe, elle voulait savoir et écouter la fée pouvait lui faire du bien, cette petite fée, golem de son état, seule partie semblant encore en vie de son amie agonisante…

Les souvenirs d’Aerdrië étaient assez flous. Elle se souvint d’une sorte de cambion complètement idiot dont la survie ne tenait qu’à un fil. Elle se souvint lui avoir posé des questions pour lesquelles elle n’eut aucune réponse même si les questions elles-mêmes, elle les avait complètement oubliées. Puis elle s’était envolée vers une porte la ramenant chez elle. Pourquoi était-elle partie ? Elle ne s’en souvenait plus vraiment… Cela avait un rapport avec la couleur blanche et de la douceur… Mais elle ne se souvenait plus clairement du pourquoi. Toujours est-il qu’elle est entrée dans le tunnel qui la ramenait au bout du jardin.

Nous sommes arrivées au bout d’un jardin. Il y avait une grande arche avec un symbole que je ne connaissais pas. Cette arche donnait sur un jardin où les milliers fleurs faisaient une explosion de couleur sublimissime. Seule une vague odeur âcre rendait les parfums étrangement morbides. Aerdrië me dit alors que ce jardin était le résultat de l’ignominie, une beauté cruelle née de la mort de milliers d’êtres.
J’étais terrorisée à l’idée de comprendre mais l’expression d’Aerdrië, ce sourire macabre était sans appel. Ces fleurs naissaient des cadavres…
Je restais proche de ma mère alors que nous traversions le jardin…

L’Avarielle se souvenait de la fée qui la collait. Sans doute la peur de tous ces diablotins qui entretenaient le jardin. Elles arrivèrent assez vite aux pieds de l’escalier principal sans même avoir touché une seule des pierres blanches du chemin.
Un sentiment étrange troubla Aerdrië. Un sentiment de manque. Quelque chose ou quelqu’un manquait dans cet environnement si familier. Soudain, un flash. Aerdrië s’éleva rapidement et passa au dessus de la maison.

Je ne savais pas ce qu’elle était en train de faire. Elle s’est envolée comme une folle et a traversé tout le jardin derrière la maison dans laquelle nous ne sommes même pas entrées. Nous survolâmes ensuite un petit pont. Enfin, quand je dis nous, je suivais de loin Aerdrië qui ne prit pas la peine de m’attendre…
Derrière le pont, une bâtisse brûlée fumait encore. Qu’est-ce qu’il pouvait bien se trouver dans cette petite maison, aucune idée mais une chose est sûre, il devait y avoir quelque chose et Aerdrië ne se réjouit guère de ce spectacle. Elle descendit et tomba à genou sur le pas de la porte. Quand je la rejoignis, après plusieurs secondes, elle pleurait. Un cadavre calciné, dans le même état que la maison, gisait à même le sol, méconnaissable.

La douleur, elle se souvenait de la douleur. La Vieille… Le visage de la vieille sorcière se dessina devant ses yeux. Elle se souvint. La maison brûlée, le cadavre de celle qu’elle considérait comme sa mère, carbonisé. Les larmes la terrassèrent comme si à nouveau une partie d’elle-même venait de lui être arrachée. Le feu, elle le savait, c’était une signature, celle de l’Archidiablesse, aucun doute possible. Elle avait laissé tous ces signes exprès, pour que l’Avarielle sache immédiatement qui était responsable du massacre, qu’elle sache immédiatement que tout son monde allait brûler ainsi pour la mort de deux chérubins.
La rage s’immisçait en elle, en lieu et place de la douleur.
Inutile de se demander ce qu’il était advenu de Papy, ce vieillard, Archimage si gentil avec elle, le Vieux, son Oncle, son ami, celui qui venait faire hurler la Vieille en allant se servir à manger sans permission, celui qui lui appris tout des arcanes, elle le savait, il n’était plus. Cette partie de cache-cache était finie depuis longtemps et la sentence du jeu était clair : je te trouve, je te tue. Aerdrië frappa le sol de son poing. Qu’importe ce qui se passerait, elle obtiendrait vengeance.

Aerdrië s’envola avec une expression de rage que je ne lui avais jamais vue. Elle était comme folle, prête à tout. C’est limite si je la reconnaissais. J’osais à peine la suivre tellement la colère qui l’animait la mettait hors d’elle. Elle était déchirée, comme si quelqu’un qu’elle connaissait parfaitement l’avait blessée au plus profond, la privant de cette personne incinérée. Je ne comprenais plus rien de ce qui se passait dans ce petit monde.
Je la suivis vers la maison blanche que nous venions de survoler quelques minutes auparavant. Au dessus du perron, j’aperçus une silhouette. Père dit-elle.

[hrp]Obligé de couper en 2, Rhalala...[/hrp]

[hrp]Suite et fin ^^[/hrp]

Mon père était devant la maison et la dévisageait, une expression assez neutre sur le visage, comme s’il ne savait rien. Je descendis. J'exposai ce que Fierna avait fait, avec tous les détails, n’oubliant pas d’insister sur le retard que de telles choses allaient engendrer sur ma mission.
Petite sotte que je fus. La colère me rendait aveugle. Bien sûr qu’il savait, bien sûr qu’il connaissait la vérité, bien sûr qu’il avait eu vent du massacre des enfant de sa fille, bien sûr qu’il était au courant de ce que venait de faire sa fille légitime… Il savait tout ça. Et moi, petite idiote, je vais me plaindre en tournant l’histoire à ma sauce, comme si je pouvais avoir son soutien contre sa propre fille, quelle conne je fus. Etre sa favorite ne veut pas dire le faire plier contre une partie de sa chair, ma colère fut ma perte…

Je n’ai pas tout compris mais son père la gifla. Elle venait de demander de l’aide contre une certaine Fierna que je ne connais pas et c’est comme si tout s’écroulait d’un coup. Le diable venait de la frapper. J’hésitais cependant à avancer, je ne suis qu’une fée après tout…
Il lui dit qu’elle était vraiment trop stupide, que ses actes méritaient la mort et que sa condition d’Enfant de l’Ombre ne lui donnait pas de droit sur Fierna. Ce qu’elle venait de faire aux enfants était impardonnable. Je ne sais pas trop de quels enfants il parlait mais sa fureur était grande. C’est comme s’il se retenait de la briser comme du verre, comme une poupée de chiffons… Il lui dit alors que ce qu’elle avait fait ne lui serait jamais pardonné et qu’elle avait intérêt à ne pas faire n’importe quoi si elle ne voulait pas mourir. L’expression d’Aerdrië si forte malgré la puissance qui se manifestait devant elle se dissipa sur quelques mots du diable : mes expériences touchent à leurs fins, j’ai trouvé la méthode, tu n’es plus indispensable. L’expression sur son visage disparut et l’Avarielle devint livide…

Aerdrië se souvint alors que sa puissance, cet ascendant qu’elle avait, lui venait de son caractère unique, indispensable. Son père venait de lui dire qu’il n’en était plus rien et que plus aucune puissance, plus aucune sauvegarde, plus aucune protection n’était debout. Elle était à la merci de la fureur paternelle. Pourquoi ne l’ai-je pas vu plus tôt ? Quelle idiote, il est allé plus vite que ce que j’imaginais et allait payer ses actes. Ces enfants qu’elle avait mis à mort, c’étaient ceux de Fierna mais le brouillard se dissipa sur l’identité du père… C’était une procréation incestueuse… Elle avait tué les enfants de son père et amant et était à présent face à son destin. Je ne peux plus fuir, c’est trop tard… Vais-je mourir ?

Aerdrië qui avait un visage si expressif et une expression de puissance depuis que je l’ai rencontrée n’était plus que l’ombre d’elle-même. Son père se tourna vers l’arche du monde. Il lui dit que pour ce qu’elle avait fait, elle n’allait pas mourir ici et maintenant mais que cette chance qu’elle allait avoir, elle n’en aurait pas d’autre. J’étais heureuse pour elle, on allait pouvoir partir puisqu’une chance nous était offerte. Mais là, je vis Aerdrië trembler, des sueurs froides la parcourant sur tout son corps nu. Je ne comprenais pas, pourquoi cette peur, n'allions-nous sortir pas saines et sauves ? Enfin, c’est ce que je croyais. Son père s’adressa à moi et me dit d’aller vers la sortie si je ne voulais pas subir la même chose. J’hésitais mais me suis dit que je n’avais d’autres choix si je voulais vivre. Aerdrië m’avait dit que j’avais en moi son bien le plus précieux, je ne pouvais prendre le risque de mourir…

Je me souviens de cette peur. Elle m’empêchait presque de bouger… Je me souviens de la fée qui se décida enfin à bouger de là, sauvegardant mon enfant à moi. Il était plus important pour moi que ma vie et de voir Mahiro s’éloigner loin de sa mort me soulagea. Mais ce n’était que le début de l’horreur. Je me souviens du visage de Père. Il jubilait et maintenant, je sais pourquoi !

Alors que je m’éloignais, une enfant, une petite blonde dont le visage, inexpressif au possible, sortit de la maison. Cette enfant aurait été une petite fille normale, quoique psychologiquement vide à en juger par les yeux si froids, si elle n’avait pas eu quatre bras et les doigts remplacés par des lames, telles des dagues. Le diable lui présenta son premier Enfant de l’Ombre, Elmiria. Cette horreur n’était qu’une arme, tout sauf une enfant… Il lui demanda de s’occuper d’Aerdrië mais de ne pas la tuer.

J’étais paralysée. Voir ce visage, entendre ce nom. Cet être était une copie conforme d’un des premiers échecs que nous essayés de faire naître artificiellement. Mais ces bras, ces vingt lames, ce manque total d’expression, cette froideur, le spectre du passé qui l’avait rattrapée… Je voulais bouger, m’envoler hors de portée de cet être mais mon corps refusait d’obéir. Pour la première fois de ma vie, j’étais terrorisée. La mort sonnait le glas de ma propre vie. Je ne devais pas mourir mais qu’allait-il rester de moi après cela ? Je voulais fuir, je voulais tellement fuir…

Soudain l’horreur débuta. Je me suis caché les yeux, je ne pouvais en regarder plus. L’Archidiable était au comble de la joie, voyant sa création se mouvoir comme il le souhait. La fille s’approcha à une vitesse folle et lacéra le corps d’Aerdrië en quelques secondes. Plus les lames pénétraient, plus Aerdrië criait et plus le diable jubilait de ce spectacle qu’il semblait considérer comme l’aboutissement d’on ne sait trop quoi.
La fille semblait danser mais aucun plaisir ne se lisait sur son visage. Quel monstre. Je ne vis pas comment elle lacéra tout le corps et brisa les plumes mais une chose est sûre, ce ne fut pas sans douleur.
Une larme coulait sur la joue de la fée. Ses petits poings étaient serrés. Liriae savait, rien qu’à la voir, que la petite fée s’en voulait de n’avoir rien fait pour aider l’Avarielle mais qu’aurait-elle pu faire ?

Au bout d’un moment, je ne sentais même plus les lames qui entraient en moi, immisçant dans mes chairs, me pénétrant de toutes part. Je ne pouvais plus bouger, terrassée à la fois par la peur, la douleur et ces muscles qui ne voulaient plus réagir. Mon environnement devenait blanc, je ne comprenais plus bien, n’entendais plus que murmures, ne sentais que le froid mais plus la douleur, ne voyais que ce visage sans expression, cette horreur vivante que me lacérait et rien. Je ne pensais plus et ne pouvais plus rien faire. Mes cris n’avaient plus aucune signification mais je ne parvenais plus à les arrêter… Au bout d’un moment, tout s’arrêta et le froid quitta mon corps meurtri. Plus aucune goutte cramoisie ne passait devant mes yeux apportant des restes de couleur à ce monde blanchâtre. J’étais aux portes de la mort, nue, lacérée, dans ce monde retiré de la réalité…

Son père lui murmura quelque chose quand la petite blonde se retira, les multiples lames maculées de sang. Je ne su pas ce qu’il lui dit mais il la releva par les cheveux, un sourire carnassier au visage. Aerdrië s’égouttait de son sang, une flaque en dessous de ses pieds. Son visage était déformé par la douleur et malgré ses yeux rouges si brillants, il était clair qu’elle était pratiquement morte.
Le diable prit alors la corsèque qu’il avait dans son dos et regarda dans ma direction. Je crus que je devenais une cible mais en fait non. La porte s’ouvrit à l’autre bout du jardin.

Mon père me tenait par les cheveux, je sentais son souffle mais ne parvenais pas à réagir. J’avais mal, tellement mal que je ne ressentais presque plus la douleur. Cette puissance qui s’était déchaînée sur moi m’avait privée de tout, y compris des sensations les plus basiques. J’entendis mon père me dire que j’avais une mission à finir et que j’allais la mener à bien ou que ce serait la mort. Mais de toutes façons, une fois la mission menée à bien, qu’est-ce qu'il me restera ? Ma famille est morte, il ne me reste que ce fils que je ne peux plus protéger et mon père qui veut ma mort et l’obtiendra sans problème… Ma vie touchait à sa fin. Dans un dernier élan de fierté et pour ne pas lui donner raison, je me souviens lui avoir craché au visage, ma salive étant plus du sang que de la salive et puis rien…

Aerdrië venait de cracher au visage de son père. Je ne pensais pas qu’elle ait la force de faire cela, même si ça scellerait son destin. Une expression de fureur déforma le visage de l'Archidiable. Comment sa fille pouvait se rebeller face à une telle puissance, se demandait-il sans doute… Il lui hurla qu’elle allait faire ce qu’il lui avait ordonné de faire ou que je serais la dernière victime qu’elle verrait mourir. La peur entrait en moi. Je n’étais pas à l’abri derrière Aerdrië et ce sauf-conduit que nous venions d’acquérir, en quelque sorte, nous allions sans doute le perdre. Il lui hurla que rien ne la sauverait et qu’elle avait intérêt à ne pas jouer la maligne avec lui.

La situation dégénérait et je ne savais pas pourquoi il ne m’avait pas encore tuée. Après tout, je n’étais plus unique. Mais j’avais peut-être quelque chose que son monstre n’avait pas… Si j’avais pu bouger, le l’aurait baffé afin qu’il me tue, définitivement, perdant ainsi tout ce que j’avais d’unique. La seule chose que je pus faire fut de remuer, mollement, lui envoyant quelques gouttes de mon sang sur des apparats royaux. Lamentable…

C’en était trop pour son père, il prit de l’élan pour jeter Aerdrië au travers de la porte à plusieurs dizaines de mètres tout de même… Je pensais que tout allait finir mais devant mes yeux, l’horreur sur son visage, ce sourire carnassier. Aerdrië allait regretter son dernier acte. Avec une expression de délectation intense, il empala ma mère sur sa corsèque avant de la lancer. Cette énième lame, brûlante d’un feu diabolique arracha d’Aerdrië un hurlement tel que je dus me boucher les oreilles pour ne pas l’entendre.

Un hurlement déchirant ! Mes chairs pénétrées, la douleur qui revenait d’un coup, la blancheur disparaissant, mes sens refaisant surface et j'hurlais ! Je me souviens, ne pas mourir pour mon Enfant, j'hurlais de douleur mais j’étais en vie, je ne devais pas mourir ! J’hurlai.

...

Derrière la petite fée qui exposait ses souvenirs à Liriae, Aerdrië venait de reprendre conscience et se redressa assise, hurlant à la mort !
Ce cri surprit tout le monde. Aerdrië haletait, la majeure partie de ses blessures rouvertes, mais parfaitement consciente et réveillée. La sueur coulait de son front, se mêlant au sang qui s’écoulait à nouveau. Elle était en vie, elle devait vivre ! Un cri déchirant mêlé de douleur, de haine et de fureur la secoua.

Cet acte était une sorte de résurrection. Une nouvelle naissance. Son corps nue était toujours meurtri mais elle était consciente et vivante, proche de ceux qu’elle avait laissé quelques heures plus tôt.
Mahiro pleura à chaudes larmes, des larmes de joie.

Tu es enfin revenue…

[hrp]J'espère que ce n'était pas trop long et tout de même intéressant ^^[/hrp]

Le cri de l'avarielle surpris tellement Dhyna que celle-ci cessa de jouer son morceau de musique. La blessée s'était réveillée si brutalement que certaines plaies s'étaient rouvertes.
Mais cette fois-ci, elle était éveillée pour de bon et la sombre présence de la mort semblait s'être écartée pour cette fois.

Voyant qu'il était inutile de poursuivre ses efforts, Dhyna se leva mais chancela. Son chant avait puisé plus qu'elle ne croyait dans ses réserves d'énergie, certainement car elle n'était pas habituée à le chanter aussi longtemps. Shiroï, qui était venu s'installer à côté d'elle, se leva précipitamment et la retint.

Ca ira?
Oui oui…le temps de reprendre mes esprits.

Il l’aida à s’asseoir dans l’herbe, puis regarda en direction de l’avarielle qui avait été rejointe par Liriae. L’elfe noire aidait à nettoyer les blessures rouvertes, mais ce faisant son visage avait perdu les traces d’inquiétude des instants passées.
Elle passa quelques instants à s’affairer autour de la blessée, l’aida finalement à se lever, lui donna une cape pour la couvrir, et elles échangèrent quelques mots.

Shiroï commençait à s’ennuyer, mais il prit son mal en patience et revint s’asseoir à côté de sa sœur pour attendre la suite des évènements.

[hrp]Ce ne sera pas trop long (par rapport à avant), mais il y a un des traits psychologiques des Avariels que je n'avais jamais évoqué qui va apparaître au grand jour. En plus d'être condescendants, hautains, claustrophobes, ils ont aussi quelques peurs qui les hantent, dont celle ci. C'est un post plus psychologique qu'autre chose, j'espère que ça ne vous saoulera pas...[/hrp]

Aerdrië se tenait debout et regardait autour d’elle… Le décor ne semblait nullement différent de celui d’une forêt normale, près de l’endroit d’où était partie quelques heures plus tôt. Seul le cratère derrière elle la laissait perplexe mais peu lui importait en vérité.
Son esprit était tout sauf clair. Elle était consciente, savait pertinemment où elle se trouvait, c’est-à-dire proche de Liriae qui ne semblait pas trop s’inquiéter de l’environnement donc pas de danger immédiat. Sinon, les souvenirs s’entrechoquaient et tout était trouble, comme si elle n'avait aucune emprise sur cette réalité…

Le traumatisme pensa-t-elle… Mais pourquoi suis si déboussolée, allez ma grande, bouge toi, remue toi, affole toi, on ne va pas dormir là… Allez, envole toi…

Malgré toute la volonté qu’elle avait, Aerdrië n’était pas capable d’aligner trois pensées avant que tout ne s’emmêle de nouveau… C’était comme si son esprit refusait de réfléchir correctement. Elle essaya de parler mais sans grand succès, comme si elle avait du mal à articuler, comme si les sons refusaient de sortir…
Aerdrië avait entendu Liriae raconter tout ce qui s’était passé mais il lui était impossible de se souvenir de ces paroles… C’était comme si tout s’effaçait de sa mémoire à mesure que les informations y entraient. Elle pensat :

Quelle sensation étrange. Je tiens debout mais c’est comme s’il m’était impossible de bouger. J’entends Liriae me parler mais ne comprend pas un traître mot de ce qu’elle essaye de me dire. J’essaye de voir qui se trouve autour de moi mais impossible de me concentrer. On dirait l’apprenti là-bas mais je n’arrive pas à lui parler… Mais que m’arrive-t-il bon sang…

Aerdrië s’énervait contre elle-même, comme si sa résurrection ne lui avait pas suffit, contre ce traumatisme qui l’empêchait d’utiliser son corps, comme si le monde autour d’elle s’était mis à tourner mais sans elle…
L’Avarielle considérait cette faiblesse comme une insulte à elle-même. Comme pouvait-on être aussi faible ? La fureur qui naissait en elle tentait de briser les chaînes qui la retenaient. Aerdrië luttait contre ce corps qui refusait de bouger…

Elle entendit une musique assez triste emplir l’air. Cette musique, bien que tout sauf joyeuse, lui plaisait particulièrement. Cette douce folie, ce murmure sinistre qui embaume l’âme avant la mort, ce linceul musical où les faibles d’esprit se noient, cette tristesse, cette détresse, cette solitude qu’évoquaient les notes, c’était tout ce qu’elle affectionnait. Mais elle ne pouvait rester là à écouter, si faible, et surtout, clouée au sol.

Elle se concentra sur ses ailes. Si elle s’envolait, elle savait qu’elle retrouverait rapidement ses facultés, se retrouvant dans les airs, son élément… Elle tenta de les faire bouger mais sans succès… Elle se concentra encore, ses ailes devaient bouger ! Il était hors de question de rester ainsi, avec des ailes mortes, elles devaient bouger.
Après moult efforts, un mouvement. Ca y est, se dit-elle, elles bougent, je savais qu’elles bougeraient. Laissant la cape glisser sans chercher à la retenir, Aerdrië déplia complètement ses ailes. Elle se sentait peu à peu revivre… et défaillir en même temps.

Ces ailes qui s’ouvraient et pourraient bientôt battre, symbolisaient le retour à la vie, à la liberté. Mais les bouger la faisait souffrir. Les contusions et surtout les muscles tranchés de tout son corps lui rappelèrent vite qu’elle ne pourrait maintenir un vol très longtemps avant de se crasher, terrassée par son corps qui allait la trahir… Elle n'avait pas pris le temps de s'examiner en détails et là, après ces quelques mouvements, le drame. Alors qu’elle rabattait ses ailes, une vision d’horreur pour Avarielle, un châtiment pire que la mort, une honte qui allait la poursuivre toute sa vie, ce qu’elle avait toujours craint, cette peur transmise par des générations d’elfes ailés et qui la poursuivait, malgré elle : ses ailes étaient brisées.

Ce ne fut pas tant l’effort non supporté que cette vision qui la fit défaillir. Elle tomba mollement à genou, une larme coulant sur sa joue. Autant elle supporterait les pires horreurs, autant le fait d’être privée de vol, d’être clouée au sol, comme handicapée, elle ne pouvait l’accepter. Elle qui était faible, la voilà humiliée. Cette crainte était la pire des Avariels qui partaient lutter contre les dragons pour la suprématie des cieux : revenir blessés, ailles brisées, handicapés, incapables de voler à nouveau… Beaucoup se suicidaient pour ne pas subir une telle humiliation…
Aerdrië se souvint cependant qu’elle avait bougé ses ailes. Elles ne sont peut-être pas brisées, pensa-t-elle pour se rassurer. Mais rien n’y faisait, elle prit son visage dans ses mains elle pleura comme une enfant, laissant ses ailes tomber et traîner négligemment sur le sol. Elle était humiliée, devant tellement de gens…

Mahiro qui précédemment pleurait de joie avant de se ressaisir, heureuse de voir sa mère sur ses deux jambes, ne savait plus quoi penser. Aerdrië debout, fière, avait réussi à bouger ses ailes puis s’était laissée tomber à genou et pleurait, le visage caché dans ses mains…

Mais, pourquoi tu pleures ?

La question fut directe mais Aerdrië n’arrivait pas à s’arrêter. Elle venait d’être déshonorée par un être qu’elle ne pourrait jamais abattre pour laver cet honneur bafoué. Elle était humiliée, sous le regard de toutes les personnes présentes. L'Avarielle ne trouvait la force de répondre, ni d'arrêter de pleurer.
Liriae qui soutenait son amie, restait perplexe également. Pour elle, ces ailes inutilisables, c’était un handicap passager mais ça ne méritait pas des larmes, d’autant plus que ça ne durerait pas. Elle ramassa la cape et couvrit son amie avec.

Allons, cesse de pleurer, tu te donnes en spectacle là… De plus, il faut partir.

Mahiro, qui n’avait pas eu de réponse, ne savait plus quoi dire. La seule chose qu’elle pouvait faire était de ramasser Mirage et de l’apporter à Aerdrië, ce qu’elle fit. Toutefois, l’Avarielle ne le remarqua pas et sanglotait, de grosses larmes coulant sur ses joues. Autant ses plaies la faisaient souffrir précédemment, autant elle les avait oubliées, ne pouvant plus penser à autre chose qu’à cette humiliation…

Les mots "il faut partir" résonnèrent dans la tête de l’Avarielle. Partir ? Pour où ? Pourquoi ? A quoi bon ? De toutes façons, elle n’arrivait pas à marcher, sa tête tournant dès le premier effort, manquant de la faire défaillir et voler était devenu impossible. Qu’était-elle à part un poids mort qui ferait mieux de disparaître ? Elle écarta les doigts et vit, aux pieds de Liriae, la petite fée qui traînait l’épée, un grand sourire aux lèvres, sourire qu’elle suspecta n’être qu’une envie de la fée de la réconforter… La fée… Cette petite chose… Gardienne de ce qu’elle voulait protéger à tout prix…
Aerdrië sentit alors une douce chaleur l’envahir, un souvenir si doux, quelque chose qu’elle ne connaissait pas vraiment, de si apaisant dans cet univers brutal dans lequel elle vivait… Son Enfant, celui que malgré sa condition d’Enfant de l’Ombre, malgré tout, malgré ses différences, celui qu’elle aimait… Voilà une raison de vivre, la seule qui lui restait. Elle devait être forte, supporter cette humiliation encore un peu… On ne sauve pas un Enfant pour le livrer aux chiens juste après… Elle devait résister pour lui !

Aerdrië cessa de pleurer, elle ne pouvait se le permettre. Elle tendit une main, couverte de sang qui perlait sur son visage et de larmes salées, vers la petite fée. Cette dernière attrapa deux doigts dans ses petites mains froides. Elles se regardèrent. Aucun mot n’était nécessaire pour se comprendre. La fée avait ce visage fier et décidé de ces personnes qui ont un but, le regard vers l’horizon, vers leur cible à atteindre.

Il faut partir, pensa Aerdrië…

Se tournant vers Liriae, elle tenta d’articuler trois mots mais aucun son ne sortit de ses lèvres. Son corps n’était décidément pas prêt à fonctionner correctement. Elle tenta de se relever mais ses jambes, flageolantes, ne la supportèrent pas… Partir, alors qu’elle était dans cet état, Aerdrië comprit que l’humiliation ne faisait que commencer… Il allait falloir qu’un de ces cloportes qu’elle a depuis toujours méprisés, vienne et la traîne tel un vulgaire sac à plumes… C’était beaucoup à supporter pour elle mais aucun autre Avariel n’allait venir la porter et ce n’est pas Liriae vu sa carrure d’elfine anorexique qui allait la soulever…

Une dernière larme coula sur la joue de l’Avarielle mais elle savait qu’elle n’avait plus le choix. Son amie lui avait demandé de partir avec elle, la décision était prise, il fallait bouger. Aerdrië tendit une main tremblante à Liriae, afin de l’aider à se lever, bien qu’elle savait d’avance qu’elle ne pourrait tenir debout toute seule et encore moins marcher. Aerdrië devait sauvegarder le peu de fierté qui lui restait et donc ne pouvait rester à genou, assise sur ses talons, les ailes à terre. L’idée de ne plus voler pendant très très longtemps ainsi que celle d’être traînée, sans doute par le plus fort du groupe, à savoir ce sinistre barbare malodorant, c’était déjà pas mal à supporter alors inutile d’en ajouter en se répandant, telle une de ces cloportes de la surface qu’elle méprisait plus que tout…

Aerdrië sourit à son amie, faute de pouvoir la remercier, un de ces sourires tristes exempts de toute joie mais qui se veulent rassurants malgré la douleur... Son regard de braise, à nouveau décidé, laissait de nouveau entrevoir les torrents de forces, bien que ces derniers relevaient plus de rus qu’autres choses à l’heure actuelle.

[hrp]Prête à être traînée tel un vulgaire sac à plumes… Ce RP roule vraiment mon perso dans la poussière ^^ [/hrp]