[RP] Le Secret sous Babylone

Fabricio se tenait devant sa fenêtre, sur le petit balcon de la chambre qu'il avait loué, pour une durée indéfinie dans Damascus. Le soleil commençait à se lever, projetant ses traits d'or et de miel sur la cité, déjà éveillée, cette ville ne dormait pas, semblait-il. Une légère brise caressa les sens du guerrier, faisant trelasser ses cheveux bruns dans une valse légère et lente, et faisant ruisseler la chemise blanche que le mercenaire portait par-dessus son uniforme marron.

Il se tourna vers sa chambre, un bric-à-brac de vêtements, d'armes et de bagages. Fabricio n'était pas connu pour ses talents de rangement. Il boucla sa ceinture, déjà attachée à une bandoulière, sur son dos, rangea sa petite hache dans un fourreau du côté droit de sa taille et sa dague au manche d'ivoire du côté gauche.

Ouvrant la porte, il descendit les escaliers, lentement, humant l'air matinal de cette ville, portant l'odeur du petit-déjeuner jusqu'à son nez. Son ventre gronda, il avait faim. Malheureusement, l'auberge ne vendait pas de nourriture, enfin, rien qui ne soit mangeable. Fabricio trouverait son repas sur le marché.

Le souk était déjà plein même à cette heure, les marchants et camelots criant leurs offres du jour, ventant leurs biens et les prix bas qu'ils arboraient. Fabricio, complètement éveillé, repéra un boulanger et lui acheta une miche, avec un pot de miel. Le guerrier était voyant dans cet endroit, armés jusqu'au dents, et européen en plus. Plus d'un regard se posa sur lui avec une certaine haine, une peur, mais rarement un semblant de curiosité. Sa race avait apporté bien des malheurs à cette terre, ça, Fabricio le savait bien.

Finalement, il trouva un endroit où se poser, et dévora son repas, tel un loup affamé. Le guerrier aurait sans doute besoin de force aujourd'hui.

Diab se réveilla de bonne heure ce matin, il enfila son éternel pantalon de soie blanche et sa chemise de soie noire,l'air était doux et chaud sur la ville encore endormit mais il ne prit pas le temps de s'extasier sur le calme et la beauté de la ville, il n'en a d'ailleurs jamais prit le temps pour aucune. Cependant cette fois il ressentit un léger trouble car ce jour signifiait pour lui le début de son aventure la plus importante et sans doute la plus folle.

Il fonça dans son petit bureau et relu une énième fois la lettre, qu'il avait prit chez le cardinal, il y était écrit que selon l'église il y avait une source de magie de nature encore indéterminée cachée sous Babylone. Il réfléchit encore à cette découverte et aux conséquences qu'elle pourrait entrainer sur son avenir si la source existait vraiment. Mais le plus important pour l'instant était de se préparer à quitter la ville car le vol de cette lettre allait entrainer un agitation chez l'église, il devait donc se considérer comme étant déja pourchassé ( même si l'église ne savait pas qui a volé la lettre). De plus il y avait une course contre la montre car l'église devait sans doute elle même rechercher la source.

Retournant en hate dans sa chambre Diab enfila rapidement ses protection "cachées" ainsi que ses deux dagues. Il décida de laisser son matériel de voleur ainsi que son arc et son carquois chez lui, il devait encore plus éviter de se faire repérer aujourd'hui.Il prit tout de même quelques couteaux de lancé ainsi que deux explosifs qu'il avait fabriqués. Après avoir méticuleusement ranger sa chambre ainsi que son bureau et avoir caché la lettre, il descendit faire un tour pour repérer les éventuelles objets (composants et armes...) qui pourrait encore lui manquer en vu de son départ.

La taverne se trouvait dans le centre-ville d'Acre, non loin du marché, trés fréquenté en cette période. Les clients, marchands de passage ou simples citadins assoiffés, affluaient dans le bâtiment récemment agrandi. Assis au comptoir, son verre à la main, Sabri faisait le bilan de l'année, malgré le fait que le mois de juin débutait à peine.
En l'espace d'une année, le plus jeune général musulman de l'histoire était devenu un mercenaire qui subsistait avec difficulté. Il avait plus voyagé en un an de fuite qu'en quinze ans de carrière militaire. L'image d'autorité qu'il était auparavant était désormais un hors-la-loi aux yeux de l'Égypte, et un simple mercenaire anonyme pour les gens de la Terre Sainte. Cette fameuse Terre Sainte, il la parcourait depuis presque une année, de ville en ville, de contrat en contrat, d'employeur en employeur. Il ne parvenait pas à se satisfaire de sa condition; lui qui avait vécu dans la gloire et les honneurs, qui comptait parmi les hommes les plus populaires d'Egypte, qui possédait une immense demeure et une toute aussi grande fortune, devait maintenant se contenter de l'anonymat et des auberges bon marché. Mais il était en vie, et ce grâce à Hakim, son ami de toujours qu'il l'avait fait évader de la prison du Caire. Tout en pensant, il caressait machinalement la garde de son cimeterre, s'attardant avec émotion sur les pierres précieuses qui l'ornaient comme sur autant de souvenirs de son ancienne vie. Puis soudain, le souvenir de la rencontre avec le chevalier chassa ces pensées de son esprit.

C'était arrivé trois jours auparavant. Il avait rencontré ce chevalier dans la rue ombragée qui séparait la taverne de l'auberge où il logeait. Il portait une armure occidentale, qu'il identifia comme celle des chevaliers du Temple. Il semblait mendier, chose étrange pour un homme de sa condition : Sabri supposa qu'il avait dû connaître des mésaventures semblables aux siennes, ce qui le décida à lui parler. Il s'étonnait du fait que le chevalier, étant dans le besoin, n'avait pas vendu son équipement.

- Eh bien, mendiant, tu porte une bien belle armure pour un pauvre !
- Ne me traitez pas comme un malheureux, sidi. Il y a peu, j'étais un noble combattant du Temple, et j'en garderai l'emblème jusqu'à ma mort.
- Comment un Templier peut-il se retrouver soudain contraint à mendier dans les rues d'Acre ?
- Je ne mendie pas. J'attends la mort. Dieu a voulu que je meure dans la misère. C'est sa puissance qui m'a chassé de l'Ordre. L'Ordre a été aveuglé par le pouvoir divin qui dort dans les terres de l'est.
Sabri commençait à croire que le chevalier délirait, peut-être à cause d'une maladie : le chevalier semblait en effet souffrant. Ce dernier avait dû se rendre compte du scepticisme de Sabri quant à la véracité de ses propos, car il se mit alors à exposer plus clairement la situation, prenant le ton d'un professeur expliquant la leçon à ses élèves.
- L'Ordre a appris l'emplacement du Saint Graal.
En disant cela, il avala une gorgée du contenu de la bouteille qui trônait à côté de lui.
- Les grands maîtres se sont réunis à Jérusalem dès qu'ils apprirent la nouvelle.Tous décidèrent de garder la nouvelle secrète afin de s'assurer l'obtention de la relique, sauf un. Son pouvoir leur donnerait une puissance incroyable... Ils pourraient... dominer l'Europe... et l'Orient...
Le chevalier commençait à convulser inexplicablement. Il ressentait les affres de la mort, mais continuait à parler à Sabri comme si le sort du monde en dépendait.
- Gilbert d'Anjou... un ancien...maître... trouve-le... Jérusalem...Arrête l'Ord...
Ses dernières paroles restaient dans sa gorge alors qu'il s'effondrait sur le sol, mort. Sabri s'enfuit rapidement en voyant un garde arriver, de peur d'être accusé.

Alors qu'il se remémorait cet évènement, Sabri prit une décision. Il n'avait pas de contrat actuellement, et le précédent lui avait fait gagner assez d'argent pour qu'il puisse se permettre un voyage à Jérusalem. Les paroles étranges du chevalier avaient attiré son attention. Il avait évoqué le Saint Graal. Bien que de confession musulmane, Sabri connaissait un peu la religion catholique et réalisait parfaitement l'ampleur de la découverte. L'idée d'une telle puissance contenue dans une simple coupe, le fascinait, l'inquiétait et le dérangeait à la fois. Il s'intéressait beaucoup à l'alchimie ; l'idée lui vint que cette source de pouvoir pourrait ne pas être de nature divine, mais plutôt un formidable composé alchimique... la Pierre philosophale ? Cette idée éveilla sa curiosité : il devait en savoir plus.

Sabri était maintenant décidé : avant de quitter la ville pour rechercher Gilbert d'Anjou, il devait trouver un alchimiste.

Une manche balaya la bouche de l’homme, tandis que Fabricio se releva, ses yeux perçant scrutant ses alentours. "Maintenant, du boulot ..." il marmonna, se lançant dans une marche sûr et rapide à travers les foules de cette partie de la ville. Repoussant et balayant d'un petit mouvement de la main tout ceux sur son passage, le guerrier se trouva enfin à sa taverne. Entrant, il marcha jusqu’à l'aubergiste, et, raclant sa gorge, commença:

"Y a-t-il du travail, aux alentours, il me faut de l'argent et ... de l'exercice." finit-il dans son meilleur arabe. Son interlocuteur hocha de la tête brièvement, avant de disparaître derrière son comptoir, le son d'une fouille atteignant les oreilles de l'espagnol. Quelques instants après, l'aubergiste revînt avec une planche décorée de petites affiches dénotant des travaux et boulots diverses.

Ses yeux balayant les papiers, Fabricio arracha une des feuilles, parlant d'un contrat à Acre, une histoire de meurtre à venger. Semi-légal, ce qui plaisait Fabricio le plus. Fourrant le papier dans une de ses poches, il sortit de la taverne, se dirigeant vers les écuries.

Après une longue marche, assaillit par le soleil frappant de la Terre Sainte, Fabricio atteignit enfin un enclos de petit poteaux de bois, où quelques chevaux hennissait en attendant leurs prochain repas. S'approchant d'un homme, il demanda: "Quel prix pour ces bêtes, monsieur ?"

Levant la tête, le propriétaire lui fît face, et finis par dire: "De 50 à 100 ou plus pour les meilleurs bêtes, pas moins ..." Souriant, Fabricio commençât une longue séance de négoces. Environ une heure plus tard le trouva devant la porte principale de Damas, un bel animal à la main, et une bourse allégée de 55 pièces d'or. Montant son destrier, Fabricio l'élança à toute allure vers Acre, et ce fichu boulot.

La foule était agitée, ce jour-là, comme pendant toute la semaine précédente. Les meurtres récents qui avaient eu lieu dans la ville rendaient les gens nerveux et inquiets. Les marchands s’empressaient d’écouler leurs stocks pour filer au plus vite vers une ville plus sûre ; les aventuriers de passage partaient en quête de trésors plus éloignés ; les troupes de saltimbanques avaient annulé leurs représentations à Acre, sauf quelques-unes qui comptaient sur les colosses du groupe pour assurer leur protection. Personne ne se sentait en sécurité, car sur les 4 meurtres commis, les victimes étaient strictement différentes : un tavernier, un moine de Jérusalem, le fils d’un riche notable de la ville et un mercenaire de passage. Un seul point commun les reliait : tous avaient été empoisonnés. Cette vague de meurtres inquiétait et intriguait Sabri, mais il n’avait pas le temps de s’y intéresser.
Alors qu’il sortait de la taverne pour rentrer à l’auberge et récupérer quelques affaires avant de partir à la recherche d’un alchimiste, il vit la foule s’amasser près de la rue de l’auberge, celle où il avait rencontré le chevalier malade. Il s’approcha et se mêla aux gens : les discussions entre les curieux allaient bon train ; Sabri écoutait sans intervenir.

- C’est qui ? Un mendiant ?
- Non, on dirait un chevalier…
- Je sais ! C’est un Templier ! Je reconnais son armure !
- Il est mort comment ? On l’a poignardé ?
- Pas s’il portait une armure, imbécile…
- Ils ont pris sa flasque…
- C’est une preuve, c‘est ça ?
- On a dû l’empoisonner !

A ces mots, un frisson parcourut l’assistance. Même les mendiants n’étaient pas épargnés par le Tueur (les gens qui l’appelaient ainsi le disaient de telle manière que l’on pouvait sentir la majuscule, preuve de sa notoriété dans la ville) ! Sabri était plus particulièrement inquiet. Le chevalier malade avait en réalité été empoisonné, et c’était probablement l’œuvre du meurtrier qui sévit en ville depuis plus d’une semaine. Ces meurtres avaient-ils un rapport avec la source de pouvoir dont lui avait parlé le Templier ? Sabri était de plus en plus décidé à trouver un alchimiste, voire même un compagnon de route si besoin. Désormais, il craignait pour sa vie.

Diab marchait vite en direction du marché, il n'avait pas de temps à perdre car il devait absolument quitter la ville rapidement, il pourra surement acheter le reste de l'équipement dans une autre ville mais il devait quand même acheter certaines choses avant de partir. Il tourna brusquement sur sa droite et s'engagea dans une petite ruelle, il s'arrêta devant une petite boutique sans emblême et y rentra. Un petit vendeur à l'aspect replet mais couvert de crasse sursauta en attendant la porte s'ouvrir, mais son regard changeant vite et prit un aspect mielleux qui ne cachait toutefois pas la lueur d'avidité mesquinne du bonhomme.

- Cobra et veuve noire, dit Diab avant que le vendeur ne pu parler.
- Combien ? répondit celui-ci en s'approchant d'une étagère où était rangées plusieurs fioles.
- Cinq de chaques et 100 grammes de poudre à rêve.

Diab acheta également plusieurs sorte de plantes différentes et quelques autres ingédients. Après avoir fourré le tout dans une sacoche et avoir payé les 40 pièces d'or que réclamait le vendeur il se hata cette fois d'aller au marché.
Il devait encore acheter quelques provisions ainsi qu'un cheval le reste attendra qu'il se rapproche de Babylone. Il prit quelques pommes ainsi qu'un morceau de viande et acheta un peu de vin. Au passage il vola deux bourses qui financèrent l'achat d'un cheval, il ne prit pas le temps de marchander et donna 70 pièces d'or au marchand.

Il se hata ensuite de retourner chez lui et de rassembler ses affaires il avait perdu beaucoup de temps et ce qu'il avait vu en revenant confirmait ses craintes plusieurs soldats faisait des irruptions chez les gens les plus susceptibles de voler. Il avait également vu d'autres soldats se diriger vers les portes et l'interdiiction de quitter la ville était ce qu'il redoutait le plus. Sautant littéralement les marches il accrocha ses sacs sur le cheval et le lança au galop en direction de la porte la plus proche. Sa nouvelle priorité était maintenant de sortir de la ville et de rejoindre le plus rapidement possible la première ville où il pourrait s'embarquer pour la Terre Sainte.

Il arriva en vue d'une de la portes et constata que les gardes n'était pas encore entièrement rassemblés. Il essayait surtout de faire évacuer une maisons, mais, devant le refus visible du propriétaire de sortir ainsi que les corps de deux gardes assomés à l'entrée de la maison fit que les autres virent pretter main forte à leurs camarades et abandonèrent un instant leur mission. Diab ne laissa pas passer la chance et mit son cheval au petit trop d'un air calme en direction de la porte, ainsi il quitta la ville sans éveiller de soupçons.

Devant lui se dressaient les portes de Acre, et après un long galop à travers la Terre Sainte pour y arriver, la vue était bienvenue. Ralentissant au trot, Fabricio s'approcha de l'édifice, dévisageant les gardes postés de part ci et là, main au fourreau et un air aux aguets. Attachant son cheval à un piquet, l’espagnol se demanda pourquoi donc, une visite à son employeur s'imposait donc pour aussi découvrir la source de cette méfiance.

Passant les gardes de la porte, un petit pot-de-vin dans leurs poches, Fabricio demanda des directions jusqu’à la maison du particulier, notant l'attitude réservée que les habitants portait autours d'eux tel un drap. Il semblait qu'un épaisse couche de méfiance s'était immiscé sur la ville d'Acre, rendant la ville maussade encore plus lugubre qu'elle ne l'était déjà.

Déambulant à travers les rues, les yeux gris de Fabricio scrutèrent les alentours, sa main posé sur sa dague, et son corps aux aguets, près à se défendre. Quelque chose pesait sur la ville elle-même, et Fabricio allait bientôt le découvrir.

Atteignant enfin la porte de son employeur, il frappa, et, après avoir entenu quelques pas réservés, la porte s'ouvrit, ne serait-ce que d'un poil.

"Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous voulez ?" demanda un homme chétif, visiblement inquiété par la présence de cet homme armé à sa porte.

-Je viens pour votre ... contrat; il sortit le papier. Vous voulez qu'un meurtre soit vengé, oui ?

-Euh, ouai, ouai, entrez ..." La porte s'ouvrit grand, et l'homme, vêtu d'un chemise grisâtre le montra d'un grand geste de la main sa salle à manger, où une femme s'occupait à coudre un châle. Lui montrant une chaise, l'homme s'assit, lui montrant que son invité fasse de même. Se raclant la gorge, il commença:

"Cela fait une bonne semaine qu'un monstre assassine des gens dans la ville. Vous avez dû le sentir, tout le monde a peur, peur pour leurs vies. Mon frère, qu'un humble tavernier, fût tué par ce monstre. Je demande que justice lui soit rendu ! Les gardes, de l'Ordre Teutonique jusqu'aux Chevaliers de la Croix Noire, s'en fiche, ou plutôt, ne peuvent rien y faire. Ce son des gardes sans cervelles, pas des détectives ! Pouvez-vous m'aidez, nous aidez, et traquer ce tueur, qui hante nos vies depuis plus d'une semaine ?"

Il s'agissait donc d'une enquête plutôt que d'un contrat de mort. Il n'y avait pas de vrai piste, juste une série de meurtre sans aucuns liens ... Fabricio ne savait que dire, accepter et ne rien trouver, pour simplement briser l'espoir que cet homme porte, ou ne rien faire et laisser ce monstre sévir ? Une question de morale que le combattant ne savait pas répondre.

"Je ... je ferais de mon mieux, mais je suis pas un, un ... détective, j'aurais besoin d'aide, toute l'aide possible. Mais j'essayerais, je promets rien, mais j'essayerais ..."

L'homme, à sa requête, lui dévoila toutes les rumeurs, toutes les infos sur ce tueur, mais Fabricio n'était pas un détective. Il aurai en effet besoin d'aide.

Et c'est alors que quelques minutes plus tard l'homme se trouva face à l'auberge de l'homme qu'il devait venger, affichant un papier demandant de l'aide auprès de tous les citoyens d'Acre pour l'aider avec cette enquête. Des papiers similaires avait été postés sur tous les bulletins de petits boulots qu'il avait pu trouver.

[[HRP: Ce papier est destiné à toi, Balthier ...]]

Sabri observait les gens avec méfiance. L’un d’eux pourrait-il être le Tueur ? Dans ces ruelles ombragées d’Acre, il est plutôt facile d’assassiner quelqu’un en toute discrétion. Serait-ce cet homme, assis sur un banc en face de l’étal d’un marchand de légumes, qui le suit du regard ? Ou bien serait-ce cet Européen aux cheveux noirs et longs, armé jusqu’aux dents, qui sort de la taverne ? Sabri le trouvait suspect. Très suspect. Et en plus, il n’aimait pas vraiment les Européens. Sabri décida d’aller se renseigner dans cette fameuse taverne.

Son verre à la main, le mercenaire lisait le papier que lui avait donné le tavernier, et que l’Européen était venu afficher. « Recherche volontaires pour enquête sur un assassinat. Toute aide apportée est la bienvenue. Si vous êtes intéressés, demandez des détails au tavernier. »
Un assassinat… il s’agissait très certainement d’une enquête sur le Tueur !

-« Alors, vous êtes partant ? demanda le propriétaire de l’établissement.
- Oui, j’aimerais contacter la personne en question. Où peut-on le trouver ?
- Il m’a dit que les gens qui voulaient l’aider pouvaient le retrouver devant les portes de la ville, à midi. »

Ce gars-là est malin, se dit Sabri. Les portes de la ville sont toujours gardées, ce qui réduisait les risques d’une attaque du Tueur. Et en plein jour, il serait plus a découvert.

Il était content et soulagé de voir que l’Européen n’était pas le Tueur, et ravi d’avoir un compagnon d’enquête. En mettant en commun leurs informations, ils auraient plus de chances d’arrêter l’assassin. Sabri espérait secrètement que l’Européen accepte de l’accompagner à la recherche de la Source : il n’était pas rassuré à l’idée de voyager seul pour rechercher quelque chose d’aussi important, et surtout d’aussi convoité. Les Templiers, l’Eglise chrétienne ou les Alchimistes pouvaient frapper à tout moment, et il ne voulait pas finir empoisonné, la gorge tranchée, ou noyé dans les eaux du port. Un compagnon de route, il n’y a rien de mieux pour survivre, et en plus on peut discuter avec, ça fait passer le temps.
Sabri sortit donc de la taverne souriant, se dirigeant d’un pas léger vers les portes d’Acre, impatient de parler avec l’Européen : l'excitation avait pris le pas sur sa très grande patience.

[HRP : je te laisse le soin d'imaginer le dialogue, Selothi...]

Il faisait chaud. Très chaud. Trop chaud. Mais les frissons de chaleur, il connaissait, les brûlures de la peau et la déshydratation ne l'inquiétaient jamais, même lorsque tous se terraient dans les caves et se tassaient a l'ombre pour éviter les rayons brûlants du soleil de midi. Il avait connu pire. Il se rappelait encore, plus de vingt ans après, les paroles d'un prêtre du couvent qui l'avait surpris en train de se plaindre.

" Les flammes de l'Enfer brûlent plus les faibles que le Soleil ne touche les héros. "


Tout irait pour le mieux sans le vent. Si les remparts et les murailles de la ville d'Acre protégeait ses habitants du souffle venu du désert, et du sable chaud qu'il charriait, ce n'était pas le cas de l'autre côté de la porte. Les fins grains de sable s'infiltraient dans les vêtements et dans la barbe, gênant la respiration et la vue.

Il se courba et abaissa son capuchon pour se protéger les yeux - ou pûtôt l'oeil gauche et la cicatrice en Y qui trônait a la place de droit. Il ne pensa même pas a se pleindre : son esprit pensait à autre chose. Il fouilla sa besace et en sortit un petit papier.

Quelqu'un avait besoin de vengeance, Fransisco avait besoin d'argent.

Reposant son dos contre le mur de la tour de garde, Fabricio attendit donc l'arrivée de quelqu'un, une personne comme lui, intéressée par la bourse promise et la satisfaction de voir se Tueur, comme il se faisait appelé, mis en taule, ou exécuté, son sort ne regardait pas l'espagnol.

Ses bras forts croisés sur son torse, et son pied tapotant le sol sableux du St Jean d'Acre, les yeux perçants du guerrier virent l'arrivée d'un homme, marchant avec un pas décis, mais quelques peu, disons, bondissant. Et les yeux de l'homme le fixait, il en était sur. Cet homme était comme lui, à la recherche de cet assassin.

Se repoussant du mur, Fabricio marcha lentement vers l'homme, s'assurant de ne pas ressembler à un caïd ou autre voleur. Il tendit une main ferme vers l'arabe, espérant que celui-ci répondrait à sa poigne. En effet, ils se serrèrent la main, et Fabricio entama le dialogue.

"Je suppose que vous êtes ici à propos de ma requête, non ? Vous aussi voulez attraper cette personne qui assiège la populace d'Acre ? commença-t-il.
-En effet, c'est pour cela que je me trouve devant vous. Vous pouvez me nommer Sabri, je suis alchimiste et quelques peu guerrier, et je vois que par vos armes, vous n'en êtes pas moins !
-Oui, bienvenu Sabri, je me nomme Fabricio, et en effet, c'est la ... et bien, je suis guerrier. Mes talents dans votre langue ne sont pas négligeable, mais excusez toute faute que je peut faire."

Un silence s'étendit entre eux, coupé par le murmure du vent, plaintif au loin, et se faufilant au travers des rues de la cité d'Acre. Tout deux se regardèrent, attendant une question, un mot, mais non; le silence continua ...

[[HRP: A toi maintenant Balthier ...]]

Au loin, les cloches d'une des églises de la ville sonnèrent midi.

Le vent redoublait d'intensité, et devenait insupportable. Fransisco ne voulait pas franchir les portes de la ville et se mêler à la foule. Un coup de poignard asséné au bas-ventre était vite arrivé. Si ce n'était l'Inquisition qui se rappelait a sa mémoire, cela pourrait être un simple voleur qui l'égorgerait pour lui prendre sa bourse. Mais il devait bouger pour se protéger du vent. Il se décida et franchit les portes en bois de la ville.

Des rues lui parvenaient des cris et des bribes de conversation : les vendeurs de fruits alpaguaient les passants, des enfants couraient nus pieds en riant a gorge déployée... Une odeur de viande grillée provenait d'une habitation, et l'air était empli d'effluvs de sueur et d'épices.

Avisant une tour de guet, il s'en approcha et s'adossa à l'ombre. Pas de gardes a cette heure, il faisait trop chaud. sans doute tous en train de vider des amphores de vin autre part.

Personne aux environs, à l'exception de deux hommes en pleine conversation, non loin de lui. Ils étaient tous deux plus petits que Fransisco, mais aussi plus musclés. Le premier était assurément arabe, avec des yeux pétillants et un long cimeterre dont le fourreau était serti de rubis.
Le deuxième, à peine plus grand, semblait occidental, espagnol ou portugais, italien a la rigueur. Une barbe mal rasée, des habits de grossière facture et plusieurs armes sur lui.

" Des mercenaires..." se-dit l'espagnol. Il posa sa main droite sur sa hanche, ou était posée une petite hache, dérobée a un marchand Perse, quelque semaines auparavant. Pas vraiment discrèt, ni raffiné, mais qui envoyait a terre rapidement. Pas une arme de duel, mais Fransisco avait appris que frapper dans le dos était la meilleure façon de rester en vie.

Il surprit un morceau de conversation en arabe, dont il avait quelques rudiments.

Citation :

".... suppose que vous êtes ici ...ma requête, non ? Vous aussi ...cette personne ... assiège ... d'Acre ?

-En effet, ... Vous pouvez me nommer Sabri, ... alchimiste ...guerrier, et je vois que par vos armes, vous n'en êtes pas moins !
-Oui,... me nomme Fabricio, et ......., c'est la ... et bien, je suis guerrier. Mes talents dans votre langue ... pas négligeables, mais excusez toute faute que je puisse faire."

Le corps de Fransisco se relacha un peu : ces hommes avaient eux aussi reçu le papier. Il sortit de l'ombre et s'avanca vers eux...

[HRP: Pour ne pas créer des problèmes de temps vis à vis du RP je précise que ma fuite de Rome c'est déroulé environ 14 jours avant la rencontre de Francisco et de Sabri à Acre, c'est à peu près le temps qu'il fallait pour faire le trajet en bateau.]


Cela faisait déja quatorze jours que Diad était sur un bateau en direction d'Acre. C'était la meilleure direction à prendre pour le moment de plus il connaissait un peu cette ville. Il ne cessait de repenser à la lettre et à sa "fuite" de Rome où l'église était trop proche, cela aurait pu être dangeureux de rester un jour de plus la bas. Il avait récupéré toutes ses affaires, ses traités d'alchimies les plus importants en laissant les autres en lieux sur et il ne manquait pas d'argent, l'avantage d'être voleur et alchimiste. Mais il devait se dépécher, une fois à Acre il achèterait le matériel nécessaire et essayerait de s'informer sur Babylone et ses environs ainsi que le meilleur itinéraire pour la rallier.

" Une source de magie sous Babylone, bien sur l'Inquisition les Templiers les Alchimistes ainsi que d'autres ordres doivent être sur la même piste" se disait-il tout bas." Je devrais donc me faire discret et essayer de ne pas attirer trop l'attention des alchimiste sur moi, il serait également dangeureux de me faire repérer avec cette lettre j'en connais les informations il me faut m'en débarrasser.

Tranquillement Diab réduisit en miette la lettre dans sa poche puis pour plus de sureté en avala un petite partie et laissa le reste dans sa poche en attendant de pouvoir les jeter au feu. Ensuite il se mit dans un coin et se mit à réfléchir aux poisons, potions, filtres qu'il pourrait créer ainsi qu'au utilisations qu'il pourrait en faire pour se sortir de situation où pour réunir des informations, il faudrait également qu'il ceuille certaines herbes dans les envirions d'Acre. Puis avec un sourire il pensa à un nouveau poison aux propriétés surprenante qu'il avait découvert durant ses voyages.
[HRP: Désolé si c'est pas court mais sur un bateau y a pas grand chose à faire]

Cela faisait maintenant un mois que Jonas avait entendu parler de cette mystérieuse source de pouvoir découverte depuis peu par les Templiers. Il se souvenait encore de la conversation qu'il avait eue avec son ami Rachid Al-Jobaïr à ce sujet. Rachid était un riche marchand arabe séjournant en Andalousie et avait offert le gîte et le couvert à Jonas en échange de sa compagnie et de son savoir. Leur conversation avait eu lieu un soir après le diner. Ils étaient tout deux assis sur le balcon du petit palais de Rachid, savourant la fraicheur nocturne lorsque l'arabe s'adressa à Jonas :

'L'ami, as tu entendu parler de la dernière lubie des Templiers ?'
'Ma foi non, de quoi veux tu donc parler ?'
'Ils tentent de garder ça secret mais Gui, tu sais le marchand qui est passé me voir il y a quelques jours. Gui, disais-je, dispose de quelques contacts au sein de l'église. Or, selon lui, ils pensent avoir trouvé le Graal.'
'Par le sang du Christ, d'Abraham et de Mohamed réunis ! Où donc ?' s'exclama l'ancien chevalier
'Aux alentours de la Terre Sainte.'
'Si cette rumeur est vraie, une nouvelle croisade nous attend... Et si elle ne l'est pas, je parie mon cheval que ce n'est malgré tout qu'un prétexte pour une nouvelle croisade.'
'J'avoue avoir pensé la même chose sur le coup. Mais vois tu, j'ai moi aussi des informateurs et ils semblent confirmer l'existence d'une certaine... magie là bas.'
'Tu connais mon opinion sur la magie...' commença Jonas
'Oui, tu crois qu'elle n'existe pas. Pourtant, ton Christ a bien ressuscité et ta Vierge Marie a fait un enfant sans avoir connu d'hommes.'
'Du point de vue symbolique oui, mais on peut douter de sa virginité réelle.'
'Parfois, mon ami, tu me mets en rage' répondit placidement le maure. 'Je te parle d'une découverte fabuleuse et tu me réponds scepticisme et symbolisme... Sache que je t'en ai parlé parce que je crois que ce serait une mauvaise chose que de laisser tomber une source de magie quelconque entre les mains de ton Église et, Allah me pardonne, entre les mains des imams. J'aimerais donc te demander une faveur' expliqua Rachid.
'Tout ce que tu voudras, said, sauf me marier avec une de tes filles.'
'Je souhaiterais que tu ailles en Terre Sainte faire ta propre enquête. Engage qui tu veux, corrompt, farfouille partout, mais découvre ce qui se trame.'
'Ne crois tu pas que je suis trop vieux pour un tel voyage ?'
'Ne dit-on pas chez toi que Les voyages forment la jeunesse ?'
'Certes' rit le chevalier.
'Tiens, prends cette bourse, elle servira à couvrir tes dépenses lors de ton périple.'
'Tu savais que j'accepterais ! Et tu avais préparé une bourse...'
'Et même plus que ça, mon ami. Un bateau t'attend demain matin en direction d'Acre.'
'C'est effectivement là que je comptais commencer mes recherches. Je connais un peu la ville et elle est suffisamment peuplée pour pouvoir fouiner un peu. Merci said.'

Le lendemain, Jonas prenait le large pour la Terre Sainte et voyageait un mois durant. Lorsque la lune redevint la même qu'au moment de son départ, le chevalier de Talmont atteint les rivages de la lointaine terre maure. Il débarqua rapidement, tenant son destrier par les rênes, et chercha la taverne la plus proche. La ville grouillait d'activité, comme lorsqu'il l'avait quittée la dernière fois. Si ce n'est qu'à présent la ville n'était plus habitée que par des sarrasins. Il se remémora avec mélancolie l'ancien temps où les chevaliers du Temple dirigeaient la ville, où l'Ordre de Saint Jean d'Acre était puissant, où les "infidèles" craignaient la puissance de l'église. Jonas repéra une petite auberge confortable et y loua une chambre. Comme il était encore l'heure de la première prière du matin, Jonas décida d'aller faire un tour en ville.

Aux alentours de midi, ses pas le menèrent vers la porte Nord. Il fut surpris d'entendre retentir la cloche d'une église alors que la ville était entièrement passée sous contrôle musulman depuis quelques années. *Encore une preuve flagrante de l'ouverture d'esprit des musulmans... Jamais l'église n'aurait agi ainsi.* En arrivant près de la tour de guet, il découvrit trois personnes engagées dans une conversation. *Tss, des mercenaires... Hum,... Voyons ce dont ils parlent, ils sont peut-être libres pour une mission. Ce... genre de personne est toujours à vendre...* le vieil homme repéra une petite boutique et commença à marchander le prix d'une broutille tout en écoutant ce que les trois personnes se disaient.

Pesant. C’est le terme qui convenait le plus à ce silence, survenu en plein milieu de la conversation. Mais il ne dura pas longtemps. Car, alors que les deux hommes se jaugeaient du regard, déboula un européen, plus très jeune, maigre comme un clou et un papier à la main. Encore un européen… au moins, il parlait un peu arabe.

- « Vous êtes ici pour le papier ? dit-il en tendant l’annonce à Fabricio.
- En effet, c’est moi qui ai affiché cette requête, répondit l’espagnol. Vous désirez nous aider ?
- Oui, je suis également mercenaire, et je suis prêt à vous rejoindre… moyennant finance. »

"Il va falloir partager la bourse en trois", songea avec tristesse Sabri, qui comptait acheter quelques affaires avant un éventuel départ.

- « Bon, eh bien je pense que cela ne vous pose pas de problème ? lui demanda Fabricio.
- Non non, c’est bon… Il nous faudra bien ça pour notre enquête.
- Très bien ! Et maintenant, si nous discutions de tout cela à la taverne ?
- Bonne idée. Suivez-moi, je connais une bonne adresse. »

L’équipe se rendit donc à la taverne, où ils apprirent à se connaître, burent et rirent jusqu'au soir, avant de se rendre à l’auberge où résidait Sabri, et où Fabricio et Francisco avaient également pris une chambre. Ils s’endormirent rapidement ; le lendemain, ils avaient beaucoup de choses à faire.


[HRP : comme le dirait un certain narrateur, « ce petit moment d’insouciance est idéal pour une mauvaise rencontre… » Plus de détails sur le topic HRP. ]

Pendant toute l'après-midi, Jonas avait suivi à distance le groupe de "mercenaires". Il n'avait rien encore de précis à faire et, à défaut de piste, c'était toujours bon de savoir ce qui se tramait dans la ville en attendant la suite. L'après-midi et tout particulièrement la soirée révéla au vieil homme que les trois hommes étaient bien ce qu'ils semblaient être, à une exception près : ils ne profitèrent pas des femmes qui se vendaient dans la taverne. *Voilà qui est toujours agréable s'il me faut les engager, voilà des gens respectant quelques principes.*

Le soir venu, ils partirent se coucher tôt, ce qui était de nouveau étrange. Les rares mercenaires que Jonas avait rencontrés jusque-là préféraient s'enivrer jusqu'au sommeil. *Peut-être est-ce là ce qui fait la différence entre un vieux mercenaire et un mercenaire mort...* Pensa-t-il ironiquement. Enfin, il estima qu'il était l'heure pour lui d'aller se coucher. Il se trouvait que, par le plus grand des hasards, les trois hommes avaient choisi l'auberge où lui même avait réservé une chambre. Il se leva, paya sa consommation et se dirigea vers l'escalier.

Alors qu'il arrivait à l'escalier, une femme, plus dévêtue que vêtue, lui barra la route :

-Ne veux tu pas un peu de compagnie dans ta sombre chambre, noble client ?
-Non merci, petite sœur, ma chambre est assez bien chauffée comme ça et je risquerais de te décevoir. Tiens, prends ceci et loues toi une chambre pour toi toute seule cette nuit.

Jonas donna quelques pièces à la prostituée, plus qu'il n'en fallait pour se payer une chambre dans l'auberge, il le savait, et elle s'écarta, les yeux brillants de gratitude. Le vieux noble avait pour habitude de faire sporadiquement des dons aux gens plus démunis que lui et ne demandait généralement rien en échange. Cette fois-ci, il allait demander quelques renseignements mais cela pouvait bien attendre le lendemain.

-Bonne nuit, petite sœur.
-Merci à vous grand seigneur.

Jonas continua à gravir les marches et eut soudain un doute : deuxième porte à droite ou deuxième porte à gauche ? Au diable l'hésitation, il irait à sa dextre et si quelqu'un y était déjà, qu'à cela ne tienne, il prendrait la sénestre. Il avança de quelques pas et ouvrit la porte...

Sabri se réveilla en sursaut. Sa porte venait de s'ouvrir. Immédiatement, il porte la main à son cimeterre, prêt à accueillir comme il se doit l'intrus. Une fraction de seconde, il se demande si ce n'est pas là un homme envoyé pour le tuer ou bien le Tueur lui-même. Mais l'intrus prend alors la parole, coupant court aux réflexions de Sabri.

-Y a quelqu'un ? demande l'inconnu en arabe et d'une voix peu assurée.

Sabri se détend alors un peu. Sans doute un ivrogne s'étant trompé de chambre.

-En effet, vous êtes ici dans ma chambre, rétorque l'ex-général. Et puis-je savoir ce que vous y faites ?
-Hem, excusez moi, j'ai bien peur de m'être trompé de chambre... répond l'autre reculant de quelques pas.

En reculant, l'inconnu s'était placé dans la lumière et Sabri pouvait désormais voir son visage. Ce faciès ne lui était d'ailleurs pas inconnu... Où avait-il déjà vu ce visage ?

-Nous connaissons nous ? interrogea l'arabe.
-Ah,... En plus de manquer de mémoire, je suis malchanceux... Hé bien je crois que vous ne me connaissez pas encore. En revanche, moi je commence à vous connaître, vous et vos compagnons. En fait, je vous ai suivis toute la journée,... Peut-être est-ce la raison pour laquelle mon visage vous est familier...
-Comment ! Vous osez me dire en face que vous m'avez suivi tout le jour durant ?

Sabri était furieux. Cet homme avait l'affront de révéler une telle indiscrétion en pleine nuit après avoir tenté de s'introduire dans sa chambre ! Il méritait une mort lente mais le mercenaire n'avait pas le temps pour ça, cette nuit il serait un brin miséricordieux. Et qui se soucierait de la mort d'un de ces occidentaux en plein Saint-Jean d'Acre ? Il s'approcha à pas vifs de l'européen et s'apprêta à frapper lorsqu'une personne passa dans le couloir.

-Si j'étais vous, j'éviterais de commettre un crime avec témoins, mais cela ne regarde que votre personne. De plus, j'ai peut-être quelque chose d'intéressant pour vous... proposa Jonas.

Sabri hésita un instant, puis baissa sa lame.

-D'accord, je vous écoute.
-En fait, si je vous ai suivis, c'était surtout pour savoir s'il était intéressant de vous engager comme mercenaires. Je suis actuellement sur une enquête portant sur un sujet sensible et en rapport avec l'Eglise. Si vous vouliez bien m'aider, il pourrait y avoir une rétribution intéressante...
-Hmmm... Pourquoi pas, mais mettez-moi au courant de ce "sujet sensible", dans ce cas...
- C'est qu'il est vraiment... très sensible... C'est un secret qu'on ne peut pas confier à n'importe qui.
"Et surtout pas à ceux qui veulent vivre vieux", pensa Jonas.
- J'ai une règle : pas d'informations, pas de travail.
- Eh bien... de toute façon, vous l'auriez appris tôt ou tard. L'ampleur de la découverte ne saurait être tenue secrète bien longtemps. Peut-être y a t-il déja d'autres personnes au courant. Les pauvres, ils ont dû mal finir...
- Euh... c'est si dangereux que ça, votre affaire ?
- C'est à dire que ce secret pourrait changer la face du monde.
- Ah quand même !
- C'est pourquoi j'ai besoin de votre aide. Cette source pourrait...
Sabri ne le laissa pas finir sa phrase. Il avait compris où le vieillard voulait en venir.
- Vous... vous parlez du Graal ?
Jonas ouvrit de grands yeux, si grands qu'ils auraient pu tomber sur le sol de la chambre tant ses paupières étaient écartées.
- Vous êtes au courant ?

Sabri avait un peu de mal à réaliser que la chance lui souriait de toutes ses dents. Une personne, elle aussi à la recherche de cette Source, qui déboule en pleine nuit dans sa chambre, et qui se propose de les engager ! Il avait du mal à contenir sa joie.

- Bon, eh bien pas de problème ! Je comptais également me mettre en route après avoir trouvé le Tueur, et je pense que mes compagnons suivront si votre bourse est à la hauteur.

Alors que Jonas s'apprêtait à répondre, l'ex-général entendit un bruit inquiétant provenant de la chambre voisine, occupée par... par qui déja ? Francisco ou Fabricio ? Sabri confondait souvent les noms des deux hommes.
"Qu'importe, l'un ou l'autre aura bien besoin d'aide", se dit-il.
Et, n'écoutant que son courage, il sortit en trombe, abandonnant Jonas dans sa chambre.

Les cris, le sang.
Les pleurs, le sang.
La mort, le sang.
Le sang.
Partout.
Ils le regardaient tous, sans montrer de haine envers lui, sans rien montrer. Des visages inexpressifs. Des visages morts.
Dieu savait ce qu'il leur avait fait ; parfois c'était court, ils se pissaient dessus au premier doigt, au premier sang...
D'autres avaient été... plus durs a faire parler.
Les hommes normaux ne savaient pas. Les soldats, les mercenaires... ils avaient tué, sans doute bien plus que lui... mais ils ne savaient pas...
Ils ne savaient pas ce que c'était que de devoir arracher les yeux d'un homme.
Ils ne savaient pas ce que c'était que de couper les doigts d'un enfant pour faire parler sa mèr.
Ils ne savaient pas ce que c'était que de pouvoir sentir la douleur a travers les yeux d'un autre.
Non ils ne savaient pas, malgré leurs épées et leur courage, leurs balafres et leur sens du sacrifice.
Il se réveilla en sursaut, en nage. Il s'assit sur le rebord du lit et mit sa tête entre ses mains.

La torture, il en avait fait son métier ... mais personne ne pouvait sortir mentalement indemne a la vue d'un interrogatoire dans les sous-sols de l'Inquisition.
Lui y avait passé plusieurs années de sa vie.

C'est alors qu'il entendit des bruits provenant de la chambre a sa droite. Fabricio.

Une forêt d'automne, un vent léger, portant avec lui le parfum de l'horizon, et la vision même de celle-ci ... Petit à petit, Il avança, et les arbres Le laissèrent passer, s'écartant de Son passage, et se refermant derrière Lui, un mur solide de bois, sans retour possible. Et petit à petit, le paysage changea autour de Lui, fondant et coulant tel de la peinture trop fraîche sur un tableau nouveau, et leurs présence disparus, remplacé par l'odeur que le vent venait de lui apporter.

La fumée, le sang, le crépitement des flammes, et les cris ... Mélange formant une symphonie de destruction, le bruit agonisant d'un massacre, un massacre d'innocents.

Fabricio se trouvait là, devant cette ville aux apparences Arabe, brûlant sous les feux des torches des croisés. Le désert autour de lui avait une apparence irréelle, une nuance de gris, entourant la vue rouge et sanglante de l'attaque sur ce petit hameau, ce petit village qui n'avait fait d'autre crime que de se trouver sur la route de l'armée sainte.

Fabricio détestait ce genre de rêve, les spectres du passé hantant ses nuits avec les souvenirs, horribles, d'antan. L'espagnol vit, comme si il se retrouvait sur le champ de massacre, une femme et son bébé tués à coup de massue par un des cavaliers de cette armée. Et le visage de cet homme ... Un mélange de bestialité pure, et d'extase. Mais soudain, il ne s'y trouvait plus ...

Devant les yeux encore embrumés du guerrier se trouvait les murs de pierre et de bois de la taverne, mais les images de cet ancien raide étaient encore fermement imprimées sur son iris. Les souvenirs des horreurs de la guerre ne le quitterais jamais, semblerait-t-il ... Puis, un bruit strident le fit soudain se réveiller complètement, toute image de massacre écartée de ses pensées pour le moment, c'était une porte qui grince.

Une main encornée se déplaça vers le pommeau en ivoire de sa dague, confortablement nichée sous l'oreiller du lit de l'auberge dans lequel le guerrier se tenait. Tenant l'arme devant lui, Fabricio attendit, et scruta les murs sombres de sa chambre, la porte entrouverte, même si ne serait-ce que d'un poil.

Un "click" parvint à ses oreilles, et le bruit infime d'une corde qui se tendait, et tout de suite, Fabricio comprit. D'un mouvement brusque et incontrôlé, le guerrier se rua hors de son lit, juste au moment où un carreau vint s'enfoncer dans le mur contre lequel se trouvait l'espagnol. Ne perdant pas de temps, l'homme se releva, et fonça vers la porte de bois. Il entendit quelques paroles interrompus, et des pas en reculon, mais ces faibles bruits furent bientôt étouffé par celui d'une porte se fendant sous le poids d'un guerrier espagnol échappant de peu à une tentative d'assassinat, donc un poil énervé.

Il vit devant lui, une fois les débris de la porte retombés au sol, un homme encapuchonné, et tenant une minuscule arbalète à la main. Celui-ci n'eut cependant pas le temps de sortir la dague rangé dans le fourreau à sa gauche, car le guerrier espagnol ne ralentit même pas sa course effrénée, et tout au contraire, se jeta sur l'homme, le repoussant contre le mur derrière, puis, roulant ensemble, contre les escaliers.

Fabricio n'utilisa même pas sa dague, tombée de sa poigne lors du saut, et à la place rua l'homme de coups de sa main endurcie. Un mince filet de sang s'échappait d la bouche et du nez de l'homme, venant tacher l'alga blanc qu'il portait.

Quand le duo arrivèrent au bas de l'escalier, Fabricio avait l'homme tenu fermement au sol par le col de sa tunique noire, un genou contre son estomac, et l'autre main sortant la dague de l'assassin de son fourreau. "Parle maintenant, racaille ..." furent les seuls mots qui échappèrent la bouche du guerrier, et en guise de réponse, il entendit les pas de ses compagnons, et des autres clients de l'auberge, s'affolant vers lui.

[[A l'un de vous de décrire le reste.]]

Un bruit, ou plutôt un brouhaha, éclata dans la chambre voisine. Jonas n'eut pas le temps de réagir que l'ex-général sortait déjà en trombe de la pièce, se ruant vers les escaliers. Le vieux chevalier occidental eut besoin de quelques instants de réflexion et sortit à son tour de sa chambre, juste à temps pour voir deux hommes chuter dans les escaliers, se battant l'un avec l'autre. Lorsque les deux hommes atteignirent le rez de chaussée de la taverne, Jonas reconnut l'un des hommes qu'il avait suivis la veille : un certain Fabricio. Ce dernier semblait avoir remporté la lutte mais déjà les clients de l'auberge commençaient à sortir de leurs chambres et, plus grave, le patron de la taverne s'approchait des deux adversaires. Dans l'esprit de Jonas, la pensée d'une catastrophe imminente surgit. Ces deux hommes sont habillés en assassins, Fabricio est un occidental et, depuis la reprise de la ville, nous sommes plutôt mal vus dans le coin. Il vient de détruire une porte de chambre, de réveille tout le bâtiment et semble plutôt menaçant envers cet homme arabe. La conclusion n'est pas difficile, Fabricio est le Tueur dont tout le monde parle et cet homme est sa prochaine victime. Du moins est-ce ce qu'ils croiront... Il faut empêcher qu'il soit pendu.

Heureusement, des années de pratique avaient fait de Jonas un homme à la pensée rapide et, lorsqu'il y avait un moyen d'éviter une rixe sanglante, il le trouvait souvent. Cette fois encore, son agilité d'esprit ne lui fit pas défaut. Il regarda Sabri, lui soufflant de lui faire confiance, puis il descendit prestement les escaliers et se plaça entre le tavernier et les deux hommes à terre. Puis il parla dans le plus bel arabe qu'il put, essayant d'avoir l'air sûr de lui-même :

-Excusez nous, maître tavernier. Ces deux hommes ont trop bu et, ainsi que vous le savez, l'alcool et les occidentaux ne font pas bon ménage. C'est sous l'influence de ce maléfique alcool que mes deux amis en sont venus à se chamailler à cause d'une femme. Là encore, vous savez comment nous autres occidentaux sommes sans cesse intéressés par le beau sexe. Toujours est-il que, l'alcool a échauffé leurs esprits et que mes amis ont commencé à se battre. Tous deux sont plutôt habitués aux combats et ils auraient pu se tuer s'ils n'étaient pas aussi chanceux. Bref, leur combat dégénéra et ils traversèrent la porte de leur chambre sans prendre la peine de l'ouvrir pour se retrouver ici, devant vous.
Je sais à quel point nous salissons l'honneur de votre établissement, aussi je vous propose de rembourser les dégâts et nous partirons demain pour ne plus jamais revenir vous déranger.

Il pensa en lui même : j'espère qu'il gobera ça et que les deux autres comprendront que j'essaie de sauver leurs fesses. Quant au mot alcool, il fait absolument que je lui trouve des synonymes et je ne suis vraiment pas sûr que beau sexe ait la même signification en arabe. Qu'à cela ne tienne, tendons quelques pièce à l'aubergiste, juste assez pour paraître généreux.

Fabricio leva sa tête vers son "sauveur", enfin, on verrait bientôt si ses paroles feraient l'affaire. Se relevant, lâchant au passage la tunique de l'assassin, l'espagnol fit semblant de tituber quelques peu, histoire de donner un peu de preuve à cette histoire tirée par les cheveux. Tournant sa tête cette fois vers l'aubergiste, il le vit faire des gestes de sa main, montrant les copeaux de bois, uniques restes de la porte de la chambre, d'une rambarde fendue, un balbutiant de l'arabe incompréhensible à tue-tête.

"Chui, désolé patron, mais on a pas fais gaffe; commença-t-il de son arabe le plus dévergondé; on f'rait mieux de partir maint'nant, nan ?" A peine que l'assassin se releva lui aussi, que le guerrier s'agrippa de nouveau à son col, main droite serrant comme un étaux sur le tissu noir tracé d'or. Son autre main fouilla la ceinture de cuir qui couronnait sa taille à la cherche d'une de ses bourses.

Celle qui lui arriva dans la main en première fut tendue à Jonas, il s'appelait bien Jonas, avec comme seule explication: "Sers-toi pour payer l'aubergiste, et rappelle moi de remercier ta langue plus tard. On ne dirait pas qu'il va nous laisser rester la nuit, au moins n'a-t-il pas appelé la garde ...
-Et toi ... siffla-t-il entre des dents serrer à l'homme tenu par le col; avec moi."

---

Une fois dans l'air frais du dehors, où le bruit constants des autres habitants de la ville, jamais tous couchés, quelle que soit l'heure, les atteignaient, Fabricio emmena son homme dans une ruelle derrière la taverne. "Écoute, raclure, tu parle calmement, et tu ne recevra pas de coup; commença-t-il d'un ton des plus menaçants; pourquoi viens-tu me tuer ? Qui t'envoies ?!
-On l'appelle le Tueur, non ? C'est lui ..." répondit l'assassin, sa voix fine et perçante, telle la dague autrefois attachée à sa ceinture. Des dents jaunies, une haleine de narguilé, il avait toutes les qualités d'une autre racaille des rues, se léchant les babines une fois promis quelques pièces pour la vie d'un autre; mais celui-ci avait du talent. Et ne portait pas quelque haillon trouvé dans une gouttière.

"Et ce Tueur, pourquoi me veut-il mort ? continua Fabricio; je ne connais personne ici, je suis nouveau à cette cité, que me veut-il ?!
-Il te voulais pas toi; il sortit un petit rire rauque, tel une arsouille; c'est moi qui me suis gouré, ça arrive à tous le monde, non ? Et maintenant, c'est soit l'paradis, soit l'enfer ... Parce que tu vas pas me laisser en vie, tout de même ? Œil pour œil, j'essaye de te tuer, toi tu me redonne la monnaie ...
-Si seulement, pour cette fois si tu as de la chance, je me suis déjà fais assez repérer pour une soirée, pas la peine de leur donner une autre raison de me pendre comme étant le Tueur. Maintenant, répond et tu ne cracheras pas de ton sang noir: comment savais-tu que c'était le Tueur qui t'as donner cette tâche, et pourquoi tuer l'un de nous ? Qu'est ce qu'on a bien pu faire ?
-Ch'ai pas moi ! On me donne des piécettes une fois que quelqu'un pisse le sang, je pose pas de question ! Fabricio grogna, serrant sa poigne sur l'homme.
-Alors, à quoi ressemblait-il, bon Dieu ! Donne moi un indice pour retrouver ce salaud !
-Encore, peux pas te répondre, il était encapuchonné, il était européen par contre, et grand, avec un signe bizarre sur sa chemise ... il cracha après s'être longuement raclé la gorge.
-Sa me suffit bien, déjà, il faudrait que j'extirpe les mots de ton ventre, et franchement, avoir de ta bile noire sur ma main, ça ne me tente pas ... Bonne nuit ..."

Un coup de genoux asséné contre le front du malheureux, et Fabricio se dirigeait déjà de nouveau dans l'auberge, pour dire à ses compagnons le peu de détails qu'il a eu sur ce "Tueur" ...

Sabri attendait avec Francisco dans la chambre de Jonas, en écoutant attentivement les sons en provenance de la chambre d'en face, où Fabricio interrogeait l'assassin. Il était un peu déçu de n'avoir pas pu s'en occuper lui-même, mais il était tout de même satisfait. Fabricio obtiendrait certainement des informations, d'une manière ou d'une autre, et leur enquête avancerait.
En pensant à l'assassin, il sourit légèrement en se rappelant qu'il avait lui-même été dans des situations similaires depuis qu'il avait fui l'Égypte, et qu'il avait eu de la chance car il parvenait toujours à s'échapper à temps. Il faisait finalement un bon assassin, pas très discret mais assez rapide. Et si le Tueur était l'un de ses anciens employeurs ? Il tenta de rassembler ses souvenirs.
Il avait déjà eu de nombreux contrats à Acre, mais seulement trois assassinats: une femme adultère, un marchand corrompu et, un peu plus d'un mois auparavant, un jeune occidental. Ce dernier avait été été difficile à atteindre : il vivait dans dans une imposante bâtisse de style européen, entourée de gardes. Il avait dû attendre que l'un d'entre eux s'endorme d'ennui pour pénétrer dans les appartements du jeune homme qui, lui, ne dormait pas. Il était apeuré et tenait une dague à la main. Sabri ne le remarqua malheureusement qu'une fois posté dans l'encadrement de la fenêtre. L'occidental appela immédiatement les gardes, et le mercenaire eut à peine le temps de lui planter un couteau dans le cœur avant de s'enfuir.
Les souvenirs de Sabri étaient maintenant plus clairs : il se remémorait la chambre du jeune homme. Elle était richement décorée; de nombreuses cartes de la Terre Sainte, un crucifix et un écu avec une croix rouge étaient fixés au mur.
Une croix rouge... L'ex-général n'avait pas prêté attention à ce détail à l'époque, mais il réalisait maintenant son importance. L'homme qu'il a tué ce soir-là était un Templier, et il s'attendait à de la visite. Était-il un Templier renégat, comme le chevalier qu'il avait rencontré la veille dans la rue de l'auberge ? Dans ce cas-là, c'était sûrement le Tueur qui l'avait employé.
Il revoyait maintenant la scène : un homme encapuchonné l'avait accosté pour lui proposer "un contrat plus qu'intéressant". Il parlait arabe assez sommairement, avec un accent européen, peut-être espagnol, ou français, il ne savait plus vraiment. Sa voix était douce, posée : l'homme semblait détendu et sûr de lui, alors que la plupart des gens qui engagent un assassin sont nerveux et ont une légère tendance à bafouiller ou à parler trop bas, de sorte que personne ne pouvait les entendre, pas même leur interlocuteur. Était-ce le Tueur ou une coïncidence ?

C'était trop important pour ne pas en parler aux autres. Fabricio entra justement à ce moment là : il était temps de mettre en commun toutes les informations dont chacun disposait.



[Libre à celui qui veut d'écrire la discussion entre les quatre persos; mais mieux vaut en parler d'abord, pour se mettre d'accord sur le chemin à suivre.]

Jonas prit la bourse que lui tendait Fabricio. Toujours ça de moins à sortir de ma propre poche. Puis il paya l'aubergiste, un peu plus grassement que prévu. Certaines personnes dans la pièce semblaient encore avoir l'air menaçant, aussi leur jeta-t-il un regard noir en baissant la main vers le pommeau de son épée et vérifiant qu'elle coulissait bien dans son fourreau. Non pas qu'il aie la moindre intention de s'en servir, mais cela dissuadait en général les hostiles. Brrr,... J'espère ne pas avoir à la sortir dans un lieu aussi exigu. Ça serait presque aussi dangereux pour eux que pour moi. Bon, allons voir cette bande de zigotos... Il fit demi-tour, monta lentement les marches de l'escalier. Il faisait tout pour avoir l'air sûr de lui, mais il frissonnait intérieurement, de dos il était si vulnérable. De telles péripéties n'étaient plus de son âge. Pourtant,... Il se sentait plus jeune que jamais. Il avait toujours senti lorsque quelque chose de crucial allait se produire... Et encore une fois cette sensation grisante l'envahissait... Il ouvrit la porte de sa chambre et trouva Sabri et Fransisco tranquillement installés dans sa chambre. Il repéra un fauteuil dans un coin de la pièce et s'assit dedans.

-Excusez moi, mais lorsqu'on a mon expérience, appelez cela âge si vous voulez, on profite de chaque moment de repos... Bon, qu'est-ce qui amène un assassin à s'attaquer à l'un d'entre vous en pleine nuit ? Affaires commerciales ? Traîtrise ? Religion ? Curiosité ? demanda-t-il d'un ton amusé.